Marchés financiers : de la nécessité d’un déclic

Asset Management - Tandis que la Chine redresse son économie, l'Europe se débat avec la deuxième vague de coronavirus. Quelles perspectives pour les investisseurs ? Les explications de César Perez Ruiz, responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

Alors que l’Europe peine à endiguer la deuxième vague de contaminations au coronavirus, le rebond de l’économie chinoise remonte le moral des marchés. La progression de 4,9 % du PIB chinois au troisième trimestre s’est révélée inférieure aux prévisions du consensus, mais elle est assez impressionnante pour nous pousser à rehausser nos prévisions de croissance pour la Chine de 1,8 % à 2,1 %.

Tenir la distance

Nous aurions souhaité pouvoir faire de même pour l’Europe, mais la quasi-totalité des pays sont de nouveau confrontés à la mise en place de mesures de confinement. Alors que la reprise s’essouffle en Europe, tous les yeux seront rivés sur les indices des directeurs d’achat (PMI) qui seront publiés cette semaine. Pour faire court, l’économie européenne a toujours besoin d’un déclic, un peu comme le « disjoncteur » dont on parle pour faire face à la recrudescence des cas de Covid-19.

En son absence, nous restons optimistes à l’égard de la Chine et beaucoup moins vis-à-vis de l’Europe. Allons-nous assister à un déclic aux États-Unis cette semaine ? Ce weekend, la présidente de Chambres des représentants américains, la démocrate Nancy Pelosi, a donné 48 heures aux républicains pour approuver un plan de relance budgétaire avant le scrutin du 3 novembre. 

Valse des accords

L’espoir de l’adoption d’un plan de relance pouvant s’élever jusqu’à 2 000 milliards de dollars avant la prise de fonction d’une nouvelle administration en janvier pourrait aiguiser l’appétit pour le risque à court terme. En revanche, en l’absence d’accord, l’attention se concentrera de nouveau sur les élections, ce qui pourrait engendrer un regain de volatilité, notamment si les résultats sont contestés.

Les négociations sur le Brexit semblent être à un point mort et là aucun déclic ne semble se profiler pour le moment. Les dates butoirs illusoires pour conclure les négociations s’enchaînent, et les deux parties durcissent leurs positions. Nous restons extrêmement prudents vis-à-vis de la livre sterling, mais les négociations devant reprendre cette semaine, nous continuons à tabler sur un accord a minima.

Solidité des banques ?

Les grandes banques américaines ont publié des résultats meilleurs que prévu au troisième trimestre. Mais la qualité des résultats est douteuse, avec une forte dépendance aux activités de banque d’investissement et une forte révision à la baisse des provisions pour pertes. Dans la mesure où les taux d’intérêt faibles et le manque de visibilité en général grèvent fortement leurs marges d’intermédiation, les banques restent faiblement valorisées.

Cela étant, une victoire écrasante des démocrates pousserait les rendements obligataires à la hausse et, partant, pourrait doper les marges d’intérêt des banques américaines. En Europe, les résultats annoncés par un grand groupe de luxe français et un fabricant automobile allemand ont confirmé que les puissants sortiront encore plus puissants de la crise actuelle.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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