Marchés : dislocation démocratique et schizophrénie financière

Asset Management - Italie, Royaume-Uni, Hong Kong... Cet été, le risque géopolitique occupe le devant de la scène. Face à des démocraties qui s'affaiblissent, les marchés financiers répugnent à prendre des risques pour trouver du rendement. Quels sont les ressorts de cette schizophrénie financière ? Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion chez DNCA Finance, partage son analyse.

L’Italie est de nouveau entrée en périodes d’incertitudes et de recherche d’un nouvel équilibre institutionnel autour des parties M5 et PD après la faute politique de Matteo Salvini. Si la dissolution d’un gouvernement n’est pas tellement un fait nouveau dans l’histoire de la péninsule transalpine, elle indique que le pays n’est toujours pas engagé dans une voie de réformes structurelles économiques et sociales, qui doivent assurer une certaine pérennité financière et budgétaire.

Pour autant, les taux d’intérêt, soulagés de la fin de cette alliance des « extrêmes » ont baissé (moins de 1 % à 10 ans). Qui l’eut cru dans une économie sans croissance, avec des finances publiques toujours sous pression et un kaléidoscope politique difficile à lire ?

Brexit, des marchés plus lucides

Au Royaume-Uni, Boris Johnson a pris l’option de suspendre le travail du Parlement, pour éviter son ingérence dans un Brexit sans accord le 31 octobre. Cette mesure — non sans risque institutionnel — accentue la pression sur les politiques britanniques et sur l’Europe. Personne ne sait finalement quelle sera l’issue du Brexit.

Mais au moins, les marchés sont désormais au courant que le risque de sortie sans accord existe bel et bien. Il aura des conséquences économiques également — difficilement quantifiables mais gérables en tout cas — pour le système de paiement et de clearing international.

Dislocation démocratique

En Chine, l’arrestation du jeune militant pro-démocratie Joshua Wong envoie un message clair aux manifestants de la part de la Chine continentale. Partout dans le monde, la démocratie semble se disloquer ou est attaquée. Dans les « démocratures », elle est un simulacre de démocratie.

Dans les démocraties, celles et ceux qui peuvent s’exprimer pour la détruire prennent de plus en plus d’espace politique et médiatique. Les inégalités et le manque de projet collectif autour des valeurs de liberté et de respect contribuent à donner l’impression d’un système qui s’appauvrit, imparfait, défaillant, peu protecteur et vieillissant.

Schizophrénie financière, jusqu’à quand ?

Les marchés financiers reflètent aussi un peu cet état d’esprit. La prise de risques — acheter des actions — n’est plus à la mode. Les investisseurs préfèrent « l’actif sécuritaire » — les obligations — émis par des Etats dispendieux, dont ils sont les premiers à critiquer le mode de fonctionnement.

Cette schizophrénie financière ne tient que grâce à l’apparente crédibilité monétaire des Etats-Unis dont le parapluie militaire et la richesse de son économie constituent aujourd’hui pour certains les seules et dernières certitudes.

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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