Marchés actions : les diamants sont-ils éternels ?

Asset Management - L'annonce de Pfizer d'un potentiel vaccin contre la Covid-19 a provoqué une violente rotation de marché. Ce nouvel attrait des investisseurs pour le risque va-t-il durer ? Allons-nous vers la fin de la crise sanitaire ? Le point avec Thomas Planell, Gérant-analyste chez DNCA.

La découverte par Pfizer d’un vaccin aussi prometteur (90 % d’efficacité) en un temps aussi court est une prouesse scientifique. Elaboré conjointement avec la société allemande BioNTech, ce sérum démontre le potentiel de la coopération internationale entre les laboratoires et ouvre la voie à de nouvelles avancées. D’un point de vue économique, c’est une étape décisive vers l’éradication du risque de confinement en 2021 et un pas de plus vers le retour à la normale de l’économie mondiale.

Actifs de reprise économique

Pour les investisseurs, l’échéance électorale américaine désormais passée, c’est un encouragement supplémentaire à regarder au-delà de la deuxième vague hivernale, à se focaliser sur un retour à la croissance bénéficiaire des entreprises sur les prochains trimestres et à privilégier les actifs de reprise économique typiques qui offrent un levier sur l’inflation : actions cycliques et « value » au détriment des valeurs défensives ou de croissance séculaire.

Au cours des deux premières séances de la semaine dernière, l’indice NYSE FANG+, étendard des géants technologiques américains perdait près de 6 % tandis que les actions européennes — emmenées par la partie cyclique et « value » de la cote — délivraient une performance historique contre les indices américains.

Rotation brutale des marchés

L’optimisme entourant la découverte du vaccin a ainsi déclenché un mouvement de rééquilibrage au travers duquel les investisseurs ont intégré dans la valorisation des marchés actions le scénario reflationniste déjà visible sur les marchés de taux : hausse des taux nominaux, repentification de la courbe, stabilité des breakevens d’inflation.  

Ce changement de positionnement n’était pas le premier de l’année. Il peut comme le précédent échouer à se concrétiser dans le temps. Néanmoins, la rotation qui a suivi l’annonce de Pfizer a été la plus violente des trois dernières décennies.

Fragile attrait pour le risque

Certes, il lui faudra résister à bien des épreuves pour perdurer : si les conditions de stockage et de transport du vaccin l’empêchent d’être distribué en masse ou si les gouvernements et législateurs échouent à ratifier les projets de stimulus budgétaires, l’attrait pour le risque pourrait être prompt à se retourner.

Surtout, la course contre la montre a commencé avec la reprise préoccupante des contaminations des deux côtés de l’Atlantique. Mais comme l’écrivait Ian Fleming dans Goldfinger, « Monsieur Bond, on a l’habitude de dire à Chicago qu’une fois c’est un hasard, deux fois c’est une coïncidence, trois fois, c’est l’action de l’adversaire »… Après pareil mouvement, la possibilité d’une grande rotation ne peut plus être ignorée.

Thomas Planell - DNCA

Gérant analyste

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