Marché obligataire : aux quatre coins du monde pour dénicher des opportunités

Asset Management - Quel est l'attrait d'une stratégie obligataire globale et flexible ? Ariel Bezalel, responsable de la stratégie obligataire chez Jupiter AM, partage son point de vue sur l'environnement macroéconomique et les marchés du crédit aux entreprises et des obligations d'État.

Ce qui est beau dans une stratégie obligataire globale et flexible, c’est qu’elle n’est pas limitée par un indice, une zone géographique ou un type de crédit. Obligations d’États, High Yield, Investment Grade, marchés développés ou marchés émergents : vous pouvez décider d’investir là où vous voyez les meilleures opportunités.

Nous continuons à être constructifs sur les obligations d’État malgré le très faible niveau des rendements. La politique de la Réserve fédérale consistant à permettre une inflation plus élevée et à laisser filer l’objectif d’inflation, ne pourra être respectée que si l’on laisse les rendements réels augmenter. Les rendements ne peuvent pas augmenter autant dans un monde aussi fortement endetté. Nous restons fermement convaincus que nous sommes dans un environnement déflationniste plutôt qu’inflationniste.

Les perspectives de reprise économique semblent s’être détériorées, et pour que l’inflation augmente, l’activité économique devra se redresser fortement. La démographie et les bouleversements technologiques sont de puissants facteurs de suppression à long terme des rendements des obligations d’État, et l’augmentation considérable des niveaux d’endettement au cours de la crise devrait continuer à freiner les économies pendant un certain temps.

Des taux durablement bas

Au début de l’année, nous avons adopté une position assez prudente en matière de crédit et, à partir de mars, nous sommes devenus beaucoup plus constructifs en ce qui concerne les titres à haut rendement et les titres de qualité investment grade.

Comme nous l’avons dit, nous ne prévoyons pas de hausse des taux d’intérêt de sitôt, et les banques centrales ont vraiment montré leur jeu en mars et avril en prenant des mesures pour soutenir le marché du crédit. Les obligations investment grade et à haut rendement sont un bon choix grâce au soutien des banques centrales, mais vous devez faire une bonne analyse du crédit.

Les perspectives de croissance économique continuent d’être remises en question, ce qui laisse de nombreux modèles d’entreprise très douteux, en particulier les entreprises fortement exposées au cycle économique et celles qui ont un fort effet de levier. Les taux de défauts ont augmenté aux États-Unis et continueront à le faire, et certaines entreprises bien connues ont déposé le bilan cette année.

Faites-en un plat à emporter

Il est important de choisir les structures ayant un modèle d’entreprise et un niveau d’endettement appropriés pour traverser une période prolongée de volatilité économique. Par exemple, certaines entreprises de restauration rapide et de livraison de produits alimentaires, des supermarchés, des pharmacies et des services de diffusion télévisée ont connu un boom durant la période Covid-19.

En ce qui concerne le haut rendement, nous voyons des opportunités dans les entreprises notées BB et dans les secteurs plus défensifs. Avec une bonne sélection de crédit, les investisseurs peuvent obtenir des rendements allant de 3 % à deux chiffres dans des noms qui leur donneront la possibilité d’obtenir le coupon plus le remboursement du nominal.

En mars, le niveau des SPREAD impliquaient des taux de défaillance importants. Des opportunités intéressantes se sont présentées dans les catégories BBB et single A, et bien que la plupart de ces opportunités aient été exploitées, il est toujours possible d’obtenir des titres de ces catégories en plus de ceux des obligations d’État.

Les investisseurs obligataires au niveau mondial disposent également de toute une gamme d’outils pour préserver leur capital. Cela inclut les swaps de défaut de crédit pour atténuer le risque, les souverains notés AAA et l’utilisation de devises comme couverture. Nous continuons à favoriser les souverains AAA car, comme nous l’avons dit, nous pensons que le monde est plus susceptible de subir un choc déflationniste qu’un choc inflationniste. La Covid-19 semble être là pour un certain temps, ce virus laissera des traces importantes pour l’économie mondiale.

Un réseau mondial

Dans les obligations d’État, plus loin sur la courbe des taux, nous trouvons des rendements positifs à certains endroits, notamment en Amérique et en Australie. Les obligations d’État australiennes à plus long terme sont intéressantes en raison de la possibilité de mesures d’assouplissement supplémentaires de la part de la banque centrale.

Les obligations d’État chinoises à dix ans font parties des rares souverains à offrir un rendement réel positif aujourd’hui à environ 3 %. En revanche, les obligations d’État russes à cinq ans en monnaie locale offrent des rendements supérieurs à 5 %. La Russie a de gros problèmes, notamment démographiques, et nous pensons que les taux y diminueront avec le temps, ce qui pourrait créer un potentiel d’appréciation du capital.

Enfin, nous pensons que dans le cadre monétaire actuel, il sera difficile de générer de l’inflation, et donc que les perspectives sont favorables pour les obligations d’État et le crédit corporate. La flexibilité va être cruciale dans ce qui sera sans aucun doute un environnement macroéconomique difficile au cours des 3 à 5 prochaines années, et une stratégie obligataire globale et flexible offre tous les outils nécessaires pour manœuvrer dans ce monde.

Ariel Bezalel - Jupiter AM

Responsable de la stratégie obligataire

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