L’Italie dit-elle ciao à la stagnation ?

Asset Management - L'Italie figure parmi les Etats dont le PIB demeure inférieur à celui de 2008. Entre 2011 et 2014, l’Italie a connu une des plus longues récessions de son histoire. Sa fin ne s’est pas soldée par une forte reprise mais par une stagnation.

La croissance du PIB de 0,4% enregistrée au cours du 2e trimestre apparaît comme une bonne nouvelle. Le taux de croissance annuel s’élève désormais à 1,5 %, soit le taux le plus élevé enregistré depuis 2011. Au printemps, le gouvernement italien prévoyait une augmentation du PIB de 1,1 % cette année. La Commission européenne espérait au mieux 0,9 % quand le Fond monétaire international (FMI) ne retenait qu’un taux de 0,8 %. L’acquis de croissance à fin juin – le chiffre d’ores et déjà assuré dans l’hypothèse où l’économie nationale stagnerait aux troisième et quatrième trimestres – atteint 1,2 % selon l’institut statistique italien, l’Istat.

Dans ces conditions, le gouvernement de Paolo Gentiloni pourrait relever sa prévision de croissance 2017 à 1,4 % à l’occasion de la présentation du projet de budget à l’automne. Pour Lorenzo Codogno, chef économiste de LC Macro Advisors, le renforcement de la croissance italienne s’explique par l’amélioration du marché de l’emploi, de la reprise progressive de l’investissement et d’un début d’amélioration des conditions de crédit. La consommation des ménages est en progrès même si le niveau de confiance reste faible.

Les plans de sauvetage des banques italiennes gangrénées par un nombre important de créances douteuses contribuent à améliorer le climat économique même si, à terme, ils pèseront sur les finances publiques. Le coût est évalué à plus de 8 milliards d’euros pour la BMPS et jusqu’à 17 milliards pour les deux banques vénitiennes, soit l’équivalent de 1 % du PIB.

L’économie italienne reste suspendue aux résultats des futures élections législatives qui doivent intervenir d’ici à mai 2018. Le risque du blocage du Parlement est important en raison de la présence de trois blocs constitués du centre-gauche, du centre-droit et des populistes du Mouvement cinq étoiles. La crainte d’une arrivée au pouvoir de ce dernier mouvement anti-européen pourrait dissuader les entreprises d’investir et pourrait provoquer des fuites de capitaux.

L’actuelle accélération de la croissance constitue néanmoins une bonne nouvelle car elle permet d’atténuer la pression budgétaire sur le gouvernement. La Commission de Bruxelles a, de son côté, accepté un moindre effort de réduction du déficit public en 2018 afin de favoriser la reprise économique. Bruxelles continue néanmoins d’exiger de l’Italie qu’elle prenne des mesures pour alléger le poids de la dette publique qui a atteint, en 2016, un niveau record de 132,6 % du PIB, le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.

Mots-clés : - - - -

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

Voir tous les articles de Philippe