L’Euro toujours plus haut

Asset Management - Jeudi dernier, Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, a annoncé l'existence de surprises positives concernant la croissance. Donald Trump s'est quant à lui plaint à Davos, des relations commerciales qu'entretiennent les Etats-Unis avec l'Union européenne.

Le monde de la finance était à l’écoute du discours de Mario Draghi jeudi dernier. Le ton n’a guère varié par rapport au dernier compte-rendu de la Banque Centrale Européenne (BCE) de décembre. Il a certes mentionné l’existence de surprises positives concernant la croissance, mais aussi mis l’accent sur le manque de pression sur les prix domestiques, ce qui permet de continuer à justifier une politique monétaire très accommodante. Il a reconnu que la BCE détenait trop d’obligations allemandes par rapport à la clé de répartition convenue a priori, mais il n’est pas allé plus loin sur ce sujet. Cela a tout de même créé une pression vendeuse sur le taux 10 ans allemand. Sur la question du taux de change euro-dollar, où il était très attendu par le marché, Mario Draghi a fait de son mieux pour modérer l’appréciation de l’euro sans parler de son niveau, qui n’est pas dans son mandat de banquier central. Il a dû se contenter de mentionner le risque posé par la volatilité du change… Devant la faiblesse de sa prise de position, l’euro/dollar s’est envolé au-delà de 1.25.

C’est finalement Donald Trump qui a sifflé, momentanément, le coup d’arrêt de la hausse de l’euro. Dans une interview à la veille de son allocution au Forum économique mondial de Davos, il a recadré son secrétaire au Trésor, en expliquant « que personne ne devait s’exprimer sur le niveau du dollar ». Il a par la suite ajouté que la valeur du dollar devait refléter la vigueur du pays. La perspective de croissance plus soutenue aux Etats-Unis, grâce notamment à la réforme fiscale, devrait permettre au dollar de se renforcer. De fait, à la suite de cette interview le dollar s’est légèrement renforcé.

Le discours de Donald Trump à Davos

Mais c’est son discours de vendredi soir à Davos que le marché attendait le plus, avec la crainte d’un positionnement très protectionniste. Au grand soulagement des marchés, le discours fut relativement apaisé ! Mais il a par la suite estimé dans un entretien télévisé britannique que l’Union Européenne traitait les Etats-Unis de manière « très injuste » dans leur relation commerciale, en soulignant la difficulté pour les Etats-Unis d’écouler ses produits dans l’Union Européenne alors que cette dernière exporte les siens avec très peu de taxes vers les Etats-Unis. Gardons un œil sur l’escalade dans la rhétorique du thème du protectionnisme, qui pourrait revenir en force lors des prochaines discussions sur l’Accord de Libre-Echange Nord-Américain (ALENA).

Les marchés actions terminent la semaine en saluant le dynamisme économique ambiant, notamment aux Etats-Unis, qui atteignent de nouveaux plus hauts, et à Hong Kong. L’Europe termine sans grand changement, pénalisée par la hausse de l’euro et des taux. La thématique inflationniste s’affirme depuis le début de l’année, ce qui transparait dans le mouvement de hausse de la courbe de taux. Le risque principal nous semble aujourd’hui résider dans une accélération plus forte que prévue du resserrement des politiques monétaires européenne et américaine. Une correction importante pourrait en résulter.

Benjamin Bourguignat - LFDE

Gérant Analyste

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