Les trois questions qui taraudent le marché

Asset Management - L'année 2021 s'ouvre sur une situation sanitaire encore incertaine. Quelles perspectives pour les marchés financiers ? L'analyse d'Hervé Goulletquer, Stratégiste chez La Banque Postale Asset Management (LBPAM).

La situation sanitaire semble à nouveau se dégrader. Qui plus est avec un virus qui mute en une forme plus contagieuse. L’attention portée à la vaccination s’en trouve renforcée. Quid des problèmes de logistique ? Ce sentiment d’une certaine instabilité sur le front de la lutte contre la maladie questionne le constat que la politique de santé publique arrive à ne pas peser de trop sur la mobilité et que donc l’activité économique parvient à résister au développement de l’épidémie.

Le résultat de la double élection sénatoriale en Géorgie n’est pas encore connu. L’enjeu, nous le savons, est à la fois le degré de soutien et l’importance des mécanismes redistributifs à attendre de la part de la politique budgétaire au cours des deux prochaines années. Les marchés paraissent hésitants en ce tout début d’année. Sans doute, trois sujets expliquent cette attitude. Étudions-les successivement.

Situation sanitaire précaire…

D’abord parce que la situation sanitaire semble à nouveau se dégrader. Sur les derniers jours, les nouveaux cas, et aussi les décès, repartent à la hausse. Faut-il craindre que la mutation du virus, apparu au Royaume-Uni et qui ne peut que franchir les frontières du pays, fasse accélérer le mouvement ? Au moins pour ce qui est du nombre de nouveaux malades.

Ne disons-nous pas que cette variante est plus contagieuse que la souche « primaire », même si elle n’est pas nécessairement plus dangereuse ? Cette situation renforce l’impatience en matière de vaccination et accroît les attentes en matière de production et de distribution. Allons-nous être à même de mettre à disposition plus de lots et ainsi contenir la diffusion du virus ?

Les trois questions qui taraudent le marché

Ensuite, ce sentiment d’une certaine instabilité sur le front de la lutte contre la maladie questionne le constat que la politique de santé publique arrive à ne pas peser de trop sur la mobilité et que donc l’activité économique parvient à résister au développement de l’épidémie. L’exemple britannique est peut-être le plus emblématique. Jusqu’à maintenant, tout se passait de façon plutôt honorable. Mais que va-t-il en être dorénavant avec le troisième confinement ?

Les trois questions qui taraudent le marché

…et conséquences à long terme

Allons un pas plus loin. Ne devons-nous pas craindre qu’une aggravation de l’épidémie (disons simplement une accélération du nombre de cas), dans le cadre d’une situation fragilisée par la crise de 2020, ait des conséquences macroéconomiques plus graves que celles enregistrées au cours des derniers trimestres ? 

Il faut redouter en cas de retombée dans la récession des enchaînements non linéaires entre les dynamiques sanitaire et  économique. Qu’il s’agisse de pays, d’entreprises ou de ménages, ceux déjà fragilisés par les enchaînements passés résisteront encore moins bien à ceux éventuellement à venir. Des divergences poussées trop loin sont des vecteurs de tensions négatives et au final de moindre croissance.

Illustrons cette idée par deux graphiques. Le premier nous montre que l’emploi non qualifié a en Europe beaucoup plus souffert de l’épidémie de Covid que le qualifié. Le second  tente de mettre en avant la relation inverse entre le tempo de la croissance mondiale et la divergence des performances enregistrées entre certains des principaux pays du monde.

Les trois questions qui taraudent le marché
Les trois questions qui taraudent le marché

Traverser les turbulences

Comment alors se rassurer et parer ce risque ? En « mettant les bouchées doubles » pour ce qui est de la vaccination et en ne « baissant pas la garde » en matière de soutien apporté à l’économie. Il est trop tôt pour crier victoire. Bien sûr, nous voulons percevoir sur les marchés, comme partout ailleurs, la « fin du tunnel » et nous croyons que nous sortirons de celui-ci avec le printemps revenu.

Mais, pour que le déroulé soit bien celui-là, il est impératif de gérer comme il le faut une situation présente qui reste challenging. Enfin, il y a les incertitudes liées à la situation politique américaine ; au résultat de la double élection sénatoriale en Géorgie, dont la majorité à la Chambre haute de l’Union dépend, pour être plus précis. En ce début de matinée, heure européenne, les résultats ne sont pas connus.

Il se murmure que, sur les deux sièges détenus par le camp républicain, l’un serait déjà perdu — celui de Madame Loeffler — et le résultat devrait être très serré pour l’autre. L’enjeu, nous le savons, est à la fois le degré de soutien et l’importance des mécanismes redistributifs à attendre de la part de la politique budgétaire au cours des deux prochaines années. Rien que ça ! Et nous venons de voir combien le point est d’importance, dans le double environnement sanitaire et économique actuel.