Ingéniosité sans limite des banques centrales

Asset Management - Depuis mi-mars, le sentiment s’est nettement amélioré sur les marchés financiers. Ce regain d’optimisme est à mettre au crédit des gouvernements et des banques centrales qui ont déployé tout un ensemble d’outils, habituels ou nouveaux, pour amortir les effets du Covid-19. Cette pause économique devrait être suffisante pour sauver des vies mais elle n'évitera pas une récession dont l’ampleur s’annonce inédite. Cela nous a conduit à réviser drastiquement nos prévisions pour la croissance mondiale qui devrait ressortir à -4% en 2020. Les conditions d’un rebond en 2021 sont en place, pour peu que les autorités respectent leurs engagements et que le protectionnisme s’estompe.

La publication des comptes nationaux du premier trimestre a montré les dégâts du Covid-19 sur l’activité économique avec des contractions de 15,2% en Europe et de 5,9% aux Etats-Unis en rythme annualisé.

Même si ces reculs sont importants, les prochains chiffres risquent d’être de plus mauvaise facture, pénalisés par le confinement de l’activité économique. Pour atténuer les effets de ce choc brutal, les gouvernements et des banques centrales n’y sont pas allés de main morte. Cet arsenal important de mesures fiscales et monétaires n’est cependant pas suffisant pour éviter une récession dont l’ampleur s’annonce inédite. On a ainsi assisté à une explosion du nombre des demandeurs d’emploi dans les pays où les amortisseurs sociaux sont les moins généreux comme les Etats-Unis, où le taux de chômage est en passe de battre des records datant de 1930.

Dans ce contexte, nous avons été contraints de revoir drastiquement à la baisse nos prévisions pour 2020. Nous tablons désormais sur un rythme de progression de l’activité mondiale de -4%, après les reculs que devraient enregistrer des poids lourds comme les Etats-Unis (-6,5% en 2020) ou la Chine (-0,5% en 2020). C’est au niveau de la zone Euro que les effets de la crise vont être ressentis le plus fortement (-8,7% en 2020), ce qui risque de remettre au premier plan les débats sur la soutenabilité de la dette de plusieurs Etats européens. La zone Euro, plus mercantiliste, devra composer également avec une reprise des hostilités commerciales sino-américaines.

Ces perspectives obscurcissent davantage l’horizon de pays en difficulté financière comme l’Italie. La dette de la Péninsule, déjà conséquente (134,8% du PIB avant le Coronavirus), pourrait devenir incontrôlable, une
situation qui a obligé l’agence Fitch à dégrader la notation souveraine du pays. C’est pour parer le risque d’une fragmentation de la zone Euro que la Banque centrale européenne (BCE) s’est dite déterminée à employer tous les outils à sa disposition, habituels ou nouveaux, afin d’insuffler une bouffée d’oxygène dans l’économie. Outre le rachat massif de titres de dettes souveraines des Etats en difficulté comme l’Italie ou l’Espagne, elle pourrait se lancer dans l’achat de dettes privées. Ces actions de la BCE sont une étape obligatoire pour le rétablissement de la confiance, une condition nécessaire pour une reprise en 2021.

Karamo Kaba

Directeur des études économiques

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