Inflation, demain sera-t-il un autre monde ?

Asset Management - Depuis le milieu de l’année 2016, le retour autour de 2 % du taux d’inflation sous-jacente (taux d’inflation excluant les éléments les plus volatils comme l’énergie ou l’alimentation) est attendu.

Si l’inflation est en augmentation au Royaume-Uni en raison de la dépréciation de la livre sterling et également aux États-Unis de manière modérée, les prix restent sages dans les autres pays de l’OCDE. Les faibles revalorisations salariales empêchent l’enclenchement d’un cycle inflationniste. Les salaires augmentent peu même dans les pays en situation de plein emploi, que ce soit en Allemagne ou aux États-Unis.

Les prix des biens et des services divergent. Si les produits manufacturés sont toujours orientés à la baisse, en revanche, les services commencent, au niveau de l’OCDE, à augmenter. Du fait de capacités de production inutilisées et de la vive concurrence, les prix des produits industriels ont tendance à baisser d’autant plus si le progrès technique est pris en compte. Ainsi, un IPhone 8 vaut plus cher que l’IPhone 7 mais en prenant en compte les améliorations techniques, la majoration de tarif est moindre. Le développement de nouveaux réseaux de concurrence pèse également sur les prix.

L’immobilier contribue dans plusieurs pays à l’inflation. Les prix des logements sont en augmentation aux États-Unis comme en Europe continentale. Aux États-Unis, les loyers sont orientés à la hausse mais cela n’est pas le cas en France. Au niveau de l’OCDE, les prix des services à la personne et les transports ont tendance à progresser. En Europe, les prix des loisirs sont orientés également à la hausse tout comme ceux des télécommunications.

Est-ce que cette situation est amenée à se maintenir en 2018 et 2019 ?

L’énergie pourrait connaître une forte hausse de ses prix en raison de la croissance de la demande mondiale. En raison d’un sous-investissement à l’œuvre depuis deux ans, le cours du pétrole pourrait augmenter assez fortement à partir de 2019. En effet, la consommation a tendance à augmenter plus vite que la production mondiale. Les stocks qui atteignent des sommets historiques pourraient revenir, d’ici la fin de 2010, à leur niveau moyen de longue tendance. Les experts du secteur pétrolier estiment que la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de plus de 1,5 million de barils par jour chaque année quand la production de pétrole y compris le pétrole de schiste ne progresserait que de 800 000 à 900 000 barils par jour. Ce scénario pourrait être mis à mal en cas de progression rapide de la production de pétrole alternatif (schiste, bitumineux) et du retour plus important que prévu sur le marché de la Libye, de l’Iran ou de l’Irak. Par ailleurs, le Nigéria ou le Venezuela pourraient accroître leur production.

L’évolution de la masse salariale pourrait favoriser l’augmentation des prix. Le nombre d’États en situation de plein emploi devrait s’accroître d’ici à la fin 2018. Des tensions salariales devraient, de ce fait, apparaître. Le vieillissement de la population favorisera la hausse des prix. Il entraînera des pénuries de main d’œuvre. Par ailleurs, les seniors sont consommateurs de services à la personne (santé, services de proximité) qui sont par nature les plus inflationnistes. En revanche, le vieillissement diminue la tension sur les biens d’équipement, sur les biens électroménagers, etc. La crainte dans l’avenir peut conduire les ménages à épargner plus abondamment, ce qui réduit d’autant la consommation et limite les pressions inflationnistes.

L’immobilier constitue une autre inconnue. Après avoir enregistré des fortes hausses ces dernières années, la logique voudrait qu’une stabilisation intervienne afin notamment de mettre un terme à la baisse de la rentabilité de ce type d’actifs. Une éventuelle hausse des taux d’intérêt pourrait provoquer un retournement des marchés. Par ailleurs, le vieillissement de la population conduit logiquement à une baisse des prix de l’immobilier par réduction de la demande de biens. Deux blocs s’affrontent donc : d’un côté un bloc déflationniste alimenté par le digital et l’évolution des comportements de dépenses des ménages ; de l’autre, un bloc inflationniste avec le prix de l’énergie, les services et l’emploi. Pour le moment, l’avantage est nettement en faveur des forces déflationnistes. Au Japon, ces forces sont à l’œuvre depuis 20 ans. Or ce pays a été confronté, avant ceux de l’Europe, au défi du vieillissement.

Mots-clés : - - -

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

Voir tous les articles de Philippe