Face aux incertitudes, la croissance en zone euro est résiliente

Asset Management - À l’inverse du référendum britannique et des élections américaines, les sondages ne se sont pas trompés. Le 4 décembre, les italiens ont rejeté avec une forte participation (65,5%) et à une large majorité (59,1%) la réforme constitutionnelle destinée à rompre avec l’instabilité politique chronique du pays.

Comme il l’avait promis, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, qui avait mis son poste en jeu, a démissionné. Le président de la République, Sergio Mattarella, a lancé les consultations avec les différents partis pour désigner un nouveau premier ministre capable de gagner la confiance du parlement.

Le scénario le plus probable est la formation d’un gouvernement de transition qui aura comme mission prioritaire une réforme de la loi électorale de 2015, avant la tenue éventuelle d’élections anticipées. L’autre scénario qui ne peut pas être complètement écarté est celui d’une dissolution du parlement et des élections anticipées dans le cas où le Président de la République ne parviendrait pas à désigner un candidat capable de rassembler, ou, si celui-ci ne remporterait pas le vote de confiance. Ce contexte politique compliqué pourrait éventuellement freiner la recapitalisation de la banque Monte dei Paschi di Siena en dissuadant les potentiels investisseurs privés avec lesquels elle est en négociation.

En dépit des incertitudes politiques en Europe et aux États-Unis, la conjoncture dans la zone euro reste bonne.

La croissance a été confirmée à +1,4% au troisième trimestre et la baisse du taux de chômage s’est accélérée. Il a atteint 9,8% au mois d’octobre, passant ainsi sous la barre des 10% pour la première fois depuis 2011. A en juger par les indices PMI de novembre qui sont sur leur plus haut niveau de l’année, cette tendance devrait se poursuivre.

L’inflation reste modérée (+0,6% sur un an en novembre) mais elle se redresse progressivement grâce au moindre frein exercé par les prix de l’énergie. En revanche, l’inflation sous-jacente est stable depuis plusieurs mois à +0,8%.

C’est dans ce contexte que Mario Draghi a annoncé une réduction du montant mensuel des rachats d’actifs de la BCE. À partir d’avril 2017, il passera de 80 à 60 milliards d’euros. Mais pour compenser ce moindre soutien, la BCE poursuivra son programme pendant au minimum neuf mois après le terme prévu de mars 2017, ce qui augmente de 540 milliards d’euros le montant total des rachats. La BCE justifie ces mesures par ses prévisions d’inflation (+1,5% en 2018 et +1,7% en 2019) qu’elle juge encore trop éloignées de sa cible de 2%.

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Julien-Pierre Nouen - Lazard Frères Gestion

Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée

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