Europe : Mario Draghi à la BCE, le chant du cygne

Asset Management - Cette semaine, Mario Draghi cède son poste de président de la Banque centrale européenne (BCE) à Christine Lagarde. Quelles perspectives économiques se dessinent pour la zone euro ? Qu'en est-il du risque politique du Brexit ? Où trouver du rendement ? César Pérez Ruiz, Responsable des Investissements et CIO chez Pictet Wealth Management, partage son analyse.

A l’occasion de son ultime conférence de presse, Mario Draghi a réaffirmé que les risques menaçant les perspectives de la zone euro restaient orientés à la baisse et a laissé la politique monétaire inchangée. Par ailleurs, le président de la Banque centrale européenne (BCE) a une fois encore enjoint les gouvernements d’actionner les leviers budgétaires pour soutenir une économie à la peine. Après une nouvelle détérioration des indices des directeurs d’achat (PMI) européens la semaine dernière, l’Allemagne a ainsi accéléré les débats autour d’un possible plan de relance budgétaire.

Christian Kastrop — à l’origine de la règle budgétaire limitant strictement l’endettement du pays — a appelé à de nouveaux emprunts d’Etat pour financer les investissements à l’échelle nationale, ajoutant ainsi sa voix à celle de tous ceux militant déjà pour une augmentation des dépenses publiques. Les mauvaises nouvelles économiques renforçant les pressions en faveur de mesures budgétaires, les actions allemandes se sont inscrites en hausse, malgré la faiblesse du PMI.

Brexit, l’histoire sans fin

Si l’Allemagne semble avancer dans la bonne direction, le Brexit en revanche piétine — mais pour combien de temps encore ? Après le refus du Parlement britannique d’accélérer le processus législatif nécessaire à la mise en œuvre du projet de loi sur le Brexit, Boris Johnson brandit la menace d’un retrait du texte s’il n’obtient pas la tenue d’élections législatives anticipées le 12 décembre prochain. Autant dire que la saga du Brexit promet des rebondissements jusqu’à son épilogue.

Notre scénario central continue de tabler sur l’octroi d’une prolongation de délai de sortie par l’Union européenne — à janvier, probablement — et sur des élections législatives au Royaume-Uni en décembre. Sauf nouveaux obstacles, l’accord négocié par Boris Johnson devrait finir par s’imposer. L’économie britannique continue toutefois de souffrir. Elle ne devrait pas remonter la pente rapidement, même après la signature d’un accord. Pour l’heure, le scénario du pire a été évité. Nous restons neutres à l’égard des actions.

Préférence pour la dette émergente

Les résultats du troisième trimestre demeurent supérieurs aux attentes, certes modestes. La part des entreprises américaines ayant dépassé les anticipations de bénéfice net a bondi, et celle des sociétés affichant des ventes supérieures aux attentes a progressé de façon plus marquée encore. En Europe, les télécommunications et les banques scandinaves sont restées en retrait.

La faiblesse du dollar a par ailleurs soutenu les cours des actions sur les marchés émergents, où les ventes du troisième trimestre ont surpris à la hausse, tandis que les bénéfices affichaient une évolution neutre, conforme aux attentes. Nous suivrons de près la dette argentine, compte tenu de l’évolution des notations et de l’élection d’un nouveau président à la tête du pays. Nous préférons miser sur la dette émergente plutôt que sur les actions émergentes.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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