Etats-Unis : un espion à la Maison-Blanche ?

Asset Management - Depuis la semaine dernière, une tempête souffle sur la Maison-Blanche. A la veille de l'élection présidentielle de 2020, Donald Trump est sous le coup d'une procédure d'impeachment. Quelles perspectives macroéconomiques se dessinent sur les marchés actions ? Quelles conséquences les aléas politiques ont-ils sur la zone euro ? César Pérez Ruiz, Directeur des investissements & CIO de Pictet Wealth Management, partage son analyse.

La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a finalement annoncé la semaine dernière l’ouverture d’une enquête à l’encontre de Donald Trump, avec à la clé une possible destitution du président américain. Cette enquête s’efforcera de déterminer si l’actuel locataire de la Maison Blanche a fait pression sur son homologue ukrainien pour qu’il enquête sur Joe Biden, rival de Trump dans la course à la présidence à venir, ainsi que sur son fils.

Le pari est risqué, car l’élection présidentielle américaine est proche et nul ne sait dans quelle mesure la procédure d’impeachment influencera les électeurs. Et rien ne dit non plus que le Sénat — à majorité républicaine — acceptera de l’examiner. Sur le front du conflit commercial entre Pékin et Washington, la probabilité d’une trêve s’est accrue, sachant que Donald Trump ne dispose que d’une faible marge de manœuvre pour détendre sa politique budgétaire et qu’il ne voudra pas prendre le risque de voir les Etats-Unis tomber en récession lors de sa campagne de réélection.

Perspectives macroéconomiques en Europe

Dans ce contexte, nous sommes passés d’un positionnement sous-pondéré à neutre à l’égard des actions. La détérioration du paysage politique se répercute peu à peu sur les perspectives macroéconomiques, en particulier en Europe. Ainsi, les indices des directeurs d’achat (PMI) de la zone euro ont-ils encore fléchi en septembre, et la contraction du secteur manufacturier commence à se faire sentir dans certains segments du secteur des services.

Le PMI composite de l’Allemagne — qui inclut les deux secteurs — est entré en territoire de contraction pour la première fois depuis 2012. Au Royaume-Uni, la crise qui a secoué la Chambre des communes après la reprise de session du Parlement la semaine dernière a renforcé les incertitudes liées au Brexit, mais réduit le risque d’une sortie sans accord le 31 octobre prochain.

IPO de startups, des marchés plus rationnels ?

Les introductions en bourse (IPO) de certaines startups très en vogue ont montré que les marchés n’étaient pas disposés à payer aveuglement pour des sociétés non rentables, mais dotées d’une valorisation élevée. Ces opérations ont permis aux marchés cotés de dresser un bilan de santé de ces jeunes pousses et — en l’occurrence — de remettre en cause les valorisations élevées attribuées par les marchés non cotés à ces sociétés certes innovantes, mais déficitaires.

Une situation qui contraste fortement avec celle qui prévalait avant l’éclatement de la bulle internet en 1999 — quand les marchés cotés se ruaient vers les sociétés internet fortement valorisées dans un environnement surchauffé —, et qui laisse espérer qu’ils sont aujourd’hui capables d’un comportement plus rationnel.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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