Etats-Unis : que retenir (économiquement) de Donald Trump ?

Asset Management - A l'heure de la Présidentielle américaine 2020, il est temps de dresser un bilan économique du mandat de Donald Trump. Quels résultats le 45e président des Etats-Unis a-t-il obtenus dans sa lutte pour soutenir l'emploi et la croissance ? Quel a été l'impact réel du coronavirus sur l'économie américaine ? Le point avec Karambo Kaba, Directeur de la recherche économique chez Ecofi.

En devenant le 45e président des États-Unis, Donald Trump a hérité d’une économie en expansion quoique en ralentissement. La concrétisation de certaines de ses promesses de campagne (baisses d’impôt ; dérégulation) et son interventionnisme incessant (pressions sur la Fed et le Congrès) ont réussi à donner une impulsion plus forte à l’activité économique.

Cela a facilité la décrue du taux de chômage, revenu à un plus bas niveau jamais vu en 44 ans. Nous n’avons toutefois pas pu voir le plein effet de ces mesures sur la croissance. Bien avant la Covid-19, d’autres orientations économiques du Président, à commencer par sa guerre commerciale ou ses difficultés à travailler avec les démocrates de la Chambre des Représentants sur des sujets communs (infrastructures) sont venus nuire à la conjoncture.

Puis est arrivé le « virus chinois » qui a fini par rendre définitivement impossible l’atteinte de l’objectif de 4 % de croissance annuelle et brouiller encore davantage le bilan. A l’exception de Lyndon Johnson et de Bill Clinton, peu sont les présidents américains à avoir échappé à une récession pendant leur mandat. De ce point de vue, Donald Trump peut être vu comme dans la norme.

Trump, la récession et la croissance

Pourtant, que ce soit par sa personnalité extrêmement clivante, son comportement menaçant envers des parlementaires américains ou les gouvernements étrangers ou même par ses orientations économiques, le 45e président diffère beaucoup de la plupart de ses prédécesseurs.

Contre tous les enseignements, il a ainsi relancé l’économie alors que — selon le National Bureau of Economic Research — le pays était en passe de connaître sa plus longue phase d’expansion économique. Jugeant le rythme de progression du PIB trop faible, l’Administration Trump a mis en place une politique de baisse massive d’impôts pour les ménages comme pour les entreprises.

Or, les effets multiplicateurs d’une politique de relance ne produisent pas les mêmes effets selon que l’économie est au-dessus de son potentiel ou en deçà. Et comme le craignait déjà le Congressional Budget Office, cette relance n’a apporté au mieux que 0,3 % de croissance supplémentaire en 2018 et 2019.

L’international, son talon d’Achille ?

Les effets auraient pu être plus importants si Trump ne s’était pas lancé dans une croisade commerciale tout azimut. La Chine et les autres partenaires ont répliqué par des mesures de rétorsion qui ont fini par casser la dynamique des échanges internationaux, affaiblir l’activité américaine et même mondiale.

Ainsi donc, bien avant l’arrivée du « virus chinois », l’économie rencontrait déjà des difficultés avec un net ralentissement dans les créations d’emplois (2,3 millions en 2018 ; 2,1 millions en 2019). Même les renégociations des accords commerciaux et les fortes incitations à la relocalisation des unités de production n’ont pas permis de mettre fin au déclin de l’industrie : 622 000 postes supplémentaires en 2018 et 188 000 en 2019.

Au final, grâce à ses politiques de dérégulation, celui qui se voyait comme « le plus grand créateur d’emplois que Dieu ait jamais créé » va achever son mandat avec une perte nette de 3,7 millions de postes. Jamais, depuis 1939, un président américain n’avait achevé son mandat avec moins de postes qu’à sa prise de fonction.

Karamo Kaba

Directeur des études économiques

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