Etats-Unis : le dernier samouraï

Asset Management - Entre le discours de Jerome Powell à Jackson Hole et les prochaines élections présidentielles, tous les regards des marchés sont tournés vers les Etats-Unis. Quelles perspectives s'annoncent pour les investisseurs dans les prochains mois ? Les explications de César Perez Ruiz, responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

Les sondages montrent que Donald Trump est en train de réduire l’écart qui le sépare de Joe Biden, mais le Président américain affiche toujours un retard conséquent à l’issue de la convention du parti Républicain qui a eu lieu la semaine dernière. Donald Trump et son équipe se sont gardés de donner des indications sur leur future politique économique, préférant mettre l’accent sur la loi et l’ordre.

À l’issue des conventions des deux partis, la seule chose que l’on puisse affirmer avec certitude est que le vainqueur de l’élection, quel qu’il soit, mettra en œuvre une politique du « Made in America ». Donald Trump ayant réussi à braquer l’opinion publique contre la Chine, il est fort probable que les tensions commerciales et autres entre Pékin et Washington persisteront, quel que soit le résultat de l’élection.

Crainte d’une « japonification »

Dans son discours de Jackson Hole, Jerome Powell a confirmé que la Fed allait dorénavant poursuivre une politique d’inflation flexible. Cela signifie que lorsque l’inflation persiste à un taux inférieur à 2 %, des mesures seront prises pour porter temporairement l’inflation au-delà de 2 %. Nous estimons qu’il s’agit d’un changement de portée limitée car la Fed poursuit déjà (de manière non officielle) un objectif d’un taux moyen d’inflation depuis 2018.

Mais mettre en œuvre cette politique pourrait se révéler plus facile à dire qu’à faire. Foncièrement, la Fed veut stimuler l’inflation en influençant les prévisions d’inflation. La nouvelle politique de la Fed révèle les craintes d’une « japonification » étant donné que les taux d’intérêt de base aux Etats-Unis se situent déjà à la borne inférieure zéro. Mais certains auraient préféré que la Fed se montre plus ambitieuse, et nous pensons que le positionnement conciliant de la Fed dopera davantage les prix des actifs que les prix à la consommation.

Et dans le reste du monde…

La démission de Shinzo Abe — en poste plus longtemps que tout autre premier ministre — n’entraînera pas de réorientation de la politique économique japonaise à court terme. Toutefois, avec les élections prévues pour l’an prochain et le changement probable de gouverneur à la tête de la banque centrale, il sera intéressant de voir si le gouvernement et la Banque du Japon (BoJ) continueront à coordonner étroitement leurs actions. C’est l’avenir de la politique économique de Shinzo Abe qui est en jeu, et avec elle le sort des actifs japonais.

Nous avons eu droit à de bonnes nouvelles en provenance d’Europe : l’Allemagne a rehaussé le taux de croissance de son PIB au deuxième trimestre, et des signes d’un fort rebond de l’activité au troisième trimestre se profilent. Le PIB suisse s’est contracté de 8,2 % au deuxième trimestre, ce qui constitue la plus forte baisse depuis la création de l’indicateur en 1980, mais cette contraction s’est révélée moins brutale que prévu. Nous continuons à privilégier les valeurs défensives suisses, dont les dividendes pourraient résister mieux qu’ailleurs. 

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

Voir tous les articles de César