États-Unis : jusqu’ici tout va bien

Asset Management - Les bons indicateurs économiques américains actuels vont-ils perdurer face à la nouvelle tendance protectionniste voulue par Donald Trump?

La fin de semaine dernière a eu un « goût sucré » sur les marchés. Alors que règne une vigilance en matière d’inflation (ne risque-t-elle pas d’accélérer plus qu’on ne le dit ?) et que réviser la liste des indicateurs précurseurs de la surchauffe, puis de la récession, devient un comportement de bonne gestion, les statistiques économiques américaines les plus récentes envoient un message rassurant, voire confiant. Que retenir de la batterie de chiffres sur la dynamique de l’emploi au cours du mois de février dernier ? Trois choses, si on veut faire vite : un tempo de l’activité meilleur qu’attendu, des coûts salariaux toujours sages, ce qui tempère les inquiétudes en matière d’inflation, et peut-être aussi un marché du travail moins tendu qu’anticipé.

Entrons un petit peu dans les détails. Le consensus tablait sur 205 000 créations d’emplois. Il y en a eu 313 000. La douceur des conditions climatiques, qui aurait prévalu sur l’essentiel du pays le mois dernier et qui aurait rendu moins opérante la désaisonnalisation, apporte une partie de l’explication de l’écart. Pour le reste, même si le raisonnement est un peu par défaut, il est tentant de considérer que l’activité économique aurait été meilleure que prévue. Pour ce qui est du salaire horaire, on se souvient du marché qui avait pointé la hausse d’un mois à l’autre de 0,3% en janvier, pour en déduire que vraisemblablement l’inflation était en train de revenir sur le devant de la scène. Eh bien ce chiffre a été révisé à la baisse (à 0,2%) et celui de février n’est que de 0,1%. S’il ne faut pas revenir sur l’idée que les coûts salariaux accélèrent, force est d’admettre que cela reste, au moins pour le moment, en pente douce. L’explication à cela, malgré un taux de chômage très bas (4,1%), serait à trouver dans un marché du travail moins tendu que souvent estimé. Le taux de participation, qui a beaucoup baissé depuis la « grande récession », remonte un peu. Même si le vieillissement démographique est très vraisemblablement un frein puissant à un mouvement marqué de remontée, l’embellie économique autorise une certaine amélioration. Avec quel degré celle-ci, si elle est confirmée, freinera-t-elle l’accélération des salaires ?

Plus de croissance et plutôt moins d’accélération de l’inflation ; voilà un socle qui incite à mettre en place des stratégies preneuses de risques sur les marchés. Même si on sait que la politique économique apporte son lot d’incertitudes. Comment lire la politique budgétaire : choc d’offre « salutaire » ou relance qui fera plus de mal que de bien, car mené à contretemps ? Que penser de la politique commerciale : se dire que les mesures prises à aujourd’hui en matière de relèvements des taxes à l’importation (le bois, les panneaux solaires, les machines à laver, l’acier et l’aluminium) ne touchent que 3% des importations et donc 0,3% du PIB et que ce n’est donc pas beaucoup ou redouter que l’approche aille crescendo et que la confrontation directe avec la Chine soit de plus en plus probable ? Quelles anticipations doit-on faire pour ce qui est de la politique monétaire : révision des projections économiques par les membres du comité de politique monétaire, surement ; accélération du rythme de remontée du taux directeur, c’est moins clair.

Cela en fait des choses à suivre ! Sachant que ce n’est pas toujours facile à faire. Comment anticiper l’impact précis de la politique budgétaire et comment se positionner par rapport aux éventuelles nouvelles initiatives protectionnistes de la Maison Blanche ? Un peu par défaut, l’attention va se porter sur la croissance, l’inflation et la politique monétaire. On s’intéressera cette semaine aux prix à la consommation de février, qui seront publiés demain et aux ventes au détail du même mois, à paraître mercredi. Les premiers devraient montrés une certaine modération par rapport aux chiffres de janvier et les seconds indiqués un rebond après la déception du moins précédent. Pour ce qui est de l’attitude de la banque centrale, il faudra patienter une semaine de plus. Le prochain comité de politique monétaire se tiendra la semaine prochaine (les 20 et 21 mars).