Etats-Unis : emploi, temps difficiles pour les bas salaires

Asset Management - Les statistiques américaines sur le travail semblent mauvaises à première vue, et même tristes au second abord. Quels impacts le coronavirus a-t-il eu sur l'emploi aux Etats-Unis ? Quels dispositifs mettre en place pour redresser la situation ? Les explications de Johannes Müller, Responsable de la Recherche Macro chez DWS.

Avant l’arrivée du coronavirus, une certitude sur laquelle les économistes et les investisseurs pouvaient miser était la qualité défensive du secteur des services et le caractère cyclique notoire du secteur manufacturier. Aujourd’hui, cependant, à la suite des mesures de confinement, le secteur des services se trouve au cœur de la tourmente. Puisque la récession se poursuit et que les données économiques sont publiées avec un certain retard, nous ne pouvons faire que des estimations approximatives de l’ampleur des dégâts économiques. Il n’est donc pas étonnant de constater une telle disparité dans les prévisions.

Le rapport d’avril sur l’emploi aux États-Unis offre néanmoins un aperçu de ce qui se passe dans l’économie américaine. Et ce qui se passerait probablement dans d’autres économies, si elles ne bénéficiaient pas des généreux programmes de soutien de l’État, notamment les programmes européens de « travail à temps partiel » — également appelés « Kurzarbeit ». Alors que la perte de 20 millions d’emplois en un mois laisse déjà entrevoir la portée de cette récession, les détails du rapport d’avril sur l’emploi révèlent toute la tragédie résultant du plus grand choc économique depuis la Seconde Guerre mondiale.

Etats-Unis : emploi, temps difficiles pour les bas salaires
« Etats-Unis : pertes d’emplois par secteur en mars et en avril 2020 »

Aux dépens des plus vulnérables

L’emploi au sein des productions de biens a été durement touché : le nombre d’emplois a diminué de 11 % en moyenne par rapport à février. Mais pour le secteur des services, le tableau est encore plus sombre : le nombre d’emplois a diminué de plus de 16 % au cours sur la même période. Les secteurs des loisirs et de l’hôtellerie ont été les plus touchés par les différentes mesures de verrouillage, comme le montre le graphique ci-dessus. En examinant les données, nous constatons que l’emploi dans les magasins de vêtements et d’accessoires a même diminué de 59 %, et que le secteur des transports touristiques a enregistré une baisse de près de 70 %.

Un autre chiffre éclaire bien cette triste situation : le salaire horaire moyen a augmenté de 4,7 % en avril. Cela semble plutôt positif, mais la situation est plus mauvaise qu’il n’y paraît, car cette augmentation ne résulte pas d’une hausse de salaire pour les personnes qui ont encore un emploi. Comme il s’agit d’une valeur moyenne, ce chiffre augmente s’il inclut moins de personnes qui gagnent un salaire inférieur à la moyenne. La plupart de ces personnes à faible revenu travaillent dans le secteur des services. En d’autres termes, le choc économique frappe surtout les couches les plus pauvres et les plus vulnérables.

Quelle efficacité des plans d’aide ?

Comment améliorer leur situation ? La question est de savoir si les diverses formes de prêts et de transferts directs aux ménages et aux entreprises qui ont été rapidement mises en œuvre aux États-Unis ou les divers dispositifs européens établis, davantage axés sur la protection de l’emploi — qui semblent susciter un intérêt croissant aux Etats-Unis — s’avéreront plus efficaces.

Johannes Müller - DWS

Responsable de la Recherche Macro

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