Etats-Unis : Donald Trump change de ton et anticipe deux semaines très dures pour les Américains

Asset Management - L'explosion des cas de coronavirus aux Etats-Unis inquiète les marchés. Outre l'économie à l'arrêt, le pays se prépare à un raz-de-marée de malades dans ses hôpitaux. Comment le pays affronte-il la pandémie ? Quelles conséquences cette crise sanitaire va-t-elle avoir sur la saison des résultats du premier trimestre ? Les explications de Vincent Boy, Analyste chez IG France.

L’inquiétude grandit aux Etats-Unis après la hausse de 26 000 nouveaux cas au sein de la première puissance mondiale, qui devrait dépasser l’Italie et l’Espagne réunies dans la journée. Le pays totalise maintenant près de 200 000 cas et pas loin de 4 000 décès selon le rapport de ce mardi 31 mars.

Des Etats-Unis pas assez préparés

Bien que New-York semble actuellement la ville la plus touchée, le retour des vacanciers pour le « springbreak » — qui ne semblaient absolument pas s’inquiéter du coronavirus — pourraient faire exploser le nombre de cas dans d’autres Etats des Etats-Unis dans les jours à venir. Le président américain a fortement contribué à cette attitude face à l’épidémie alors qu’il ne voyait pas de risque il y a deux semaines.

La population a continué à vivre normalement, quand la plupart des pays — notamment en Europe — étaient déjà en confinement. En revanche, Donald Trump hier, lors de sa conférence sur l’état de la situation, paraissait moins confiant. Il anticipe maintenant deux semaines très dures pour les Américains, avec une explosion probable du nombre de cas qui pourrait mettre un peu plus à mal les hôpitaux et le système de santé des Etats-Unis et conduire inévitablement à une hausse des décès.

Vers une pénurie dans les hôpitaux

Les Etats-Unis ne disposent que d’environ 1 million de lits d’hôpitaux, ce qui représente une moyenne de 2,8 lits pour 1 000 habitants — bien en dessous de la Corée du Sud qui en possède 12,3. Plus inquiétant encore, sous le nombre constaté en moyenne en Italie qui est de 3,2. Au-delà du nombre de lits, les Etats-Unis, New-York en premier, devraient arriver à court de matériel médical très rapidement, comme l’avait souligné le gouverneur de l’Etat de New-York il y a 2 semaines.

Enfin, environ 13 % de la population des Etats-Unis n’a pas d’assurance santé et bon nombre ne pourront se faire soigner sans se ruiner. Certains ne se déplaceront même pas à l’hôpital, ce qui augmente les risques de poursuite de l’épidémie. Par ailleurs, le conseiller médical de la Maison Blanche a augmenté ses prévisions en précisant que jusqu’à 240 000 personnes aux Etats-Unis pourraient perdre la vie du fait de cette épidémie. L’estimation ne dépassait pas 200 000 il y a quelques jours.

Des entreprises alitées elles aussi

D’autres statistiques montrent un potentiel bien plus élevé. Tout va dépendre de la vitesse de réaction du gouvernement Américain, maintenant qu’il semble avoir pris conscience du risque lié au Covid-19. Au-delà de l’épidémie, les conséquences sur l’économie vont être désastreuses. Bien que certains anticipent un retour haussier encore plus important que la baisse, nous anticipons une crise qui pourrait durer un certain temps.

Une économie complètement à l’arrêt pendant plusieurs semaines va conduire à des faillites personnels et d’entreprises, à des défauts de remboursements et à des secteurs entiers de l’économie qui ne pourront tenir le choc. La grande distribution aux Etats-Unis (exclu alimentaire), pourrait licencier près de 500 000 personnes du fait de la fermeture des magasins. Macy’s qui a encore subi une forte chute hier, sera par ailleurs retiré du S&P500 du fait de sa faible capitalisation.

Commerce et échanges à l’arrêt

Le secteur aérien attend le versement des aides de l’Etat ; mais d’une part toutes n’auront pas ces aides et celles-ci pourraient ne pas suffire à la grande majorité d’entre elles pour survivre à la crise. Les fournisseurs et assembleurs d’Apple voient également une baisse de l’ordre de 15 % à 20 % de la demande pour le premier trimestre.

Pour finir, les volumes de paiement enregistré par Visa — d’abord à l’international puis depuis deux semaines aux Etats-Unis — sont en fortes chute. Le groupe note que cela concerne les paiements en physique mais également en ligne ; cela montre bien la baisse de la consommation et la morosité des consommateurs, qui pourraient perdurer dans le temps.

Les informations d’entreprises négatives devraient se faire de plus en plus nombreuses dans l’attente de la saison des résultats du T1 qui démarre dans deux semaines. Côté statistiques, nous surveillerons avec attention aujourd’hui les NFP de l’ADP qui nous donnerons une estimation des créations d’emplois non agricoles aux Etats-Unis avant la publication officielle ce vendredi, qui devrait faire ressortir une destruction d’emplois.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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