Emmanuel Macron endiguera-t-il la vague populiste ?

Asset Management - Malgré la qualification de Marine Le Pen au deuxième tour des élections présidentielles françaises (21,3% des voix), les investisseurs semblent pour l’instant rassurés par la solide performance d’Emmanuel Macron (plus de 24% des voix) et par la tournure qui se dessine pour le second tour.

Au lendemain du scrutin, l’euro a rattrapé son retard sur le dollar pour la première fois en cinq mois et s’est également redressé face à la livre et au yen. L’écart de rendement entre la France et l’Allemagne  s’est resserré, à son niveau le plus bas depuis le mois de janvier. Les actions françaises, en particulier les financières, ont immédiatement rebondi : le CAC 40 affichait une hausse de 4% dès l’ouverture du marché lundi matin.

Le résultat du premier tour est conforme aux prévisions.

L’intervention d’Emmanuel Macron suite aux événements du 20 avril dernier avait rassuré sur sa capacité à gérer la sécurité nationale, et renforcé les chances d’un duel Macron / Le Pen. Toutefois, l’aversion au risque devrait continuer à dominer jusqu’au 7 mai – voire bien au-delà si Marine Le Pen est finalement élue. Dans l’intervalle, les marchés devront composer avec de nombreuses incertitudes : Marine Le Pen bénéficiera-t-elle du report de voix d’une partie de l’électorat Fillon ? Le soutien des français au projet européen les orientera-t-il au contraire vers Emmanuel Macron ?  Ce dernier a de multiples obstacles à franchir et doit encore convaincre sur sa capacité  à prendre en main la sécurité nationale malgré son manque d’expérience.

La course pourrait être serrée, car la qualification de Marine Le Pen traduit le populisme profondément ancré en province.

Mais elle pourra aussi résonner comme un signal d’alarme incitant l’électorat centriste à se mobiliser en faveur d’Emmanuel Macron. Par ailleurs, les sondages menés en amont du premier tour estiment que le peuple français soutient majoritairement son appartenance à l’Union européenne et à la zone euro, ce qui joue en faveur du candidat europhile. L’élection d’un président pro-européen pourrait entraîner une reprise de l’euro, la hausse des rendements obligataires européens, et le retour de l’appétit pour le risque sur les marchés. Enfin, la perspective de voir Macron aux commandes de la France est assez rassurante, compte-tenu de ses précédents expériences de banquier d’investissement et de Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique.

Toutefois, même si Emmanuel Macron remporte comme prévu le second tour, nous devrons attendre les élections législatives en juin pour savoir à quel gouvernement nous aurons affaire. Le scénario le plus probable est celui d’un retour du parti républicain sur le devant de la scène ce qui aboutirait à l’absence de majorité parlementaire et à un gouvernement de coalition. Cela donnerait lieu à une période de cohabitation sans précédent, incomparable à celles que nous avons pu observer sous François Mitterand ou Jacques Chirac.

Dans un tel contexte,  le gouvernement ne pourrait pas immédiatement engager de réformes majeures.

Cela ne perturberait pas les marchés mais laisserait en revanche libre cours aux partis extrêmes pour avancer l’argument de l’exclusion. Une telle situation ne réglerait en aucun cas les problèmes de leur électorat, pourtant significatif : les votes d’extrême-gauche et d’extrême-droite réunis représentent 40% des voix du premier tour.

C’est sur les marchés obligataires que nous devrions observer le plus de mouvements de vente : les spreads entre la France et l’Allemagne se sont resserrés, et il est possible que la BCE mette fin aux taux de dépôt négatifs ou qu’elle réduise son programme d’assouplissement quantitatif. Cette situation aura un effet haussier pour les banques.