Economie mondiale : quatre divorces et un enterrement

Asset Management - Ces dernières années, l'économie mondiale a connu plusieurs bouleversements majeurs. Les investisseurs restent pourtant confiants sur les marchés actions américains et européens en 2019. Quels sont les mécanismes macroéconomiques à l'œuvre ? Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion chez DNCA Finance, partage son analyse.

L’économie mondiale a vécu successivement quatre divorces : le premier c’est celui qui sépare désormais la vision « trumpienne » du reste du monde sur la nécessité d’ériger des barrières douanières dans un monde auparavant globalisé. Le deuxième c’est celui qui voit les Britanniques quitter l’Union Européenne dans un Brexit sans accord et sans vision. Le troisième c’est celui de la relation entre les monnaies influencées désormais plus par les décisions des banques centrales que par l’équilibre économique — parité de pouvoir d’achat.

Enfin le quatrième c’est celui du divorce entre l’industrie et les services surtout digitaux et numériques, une véritable passation de pouvoir entre les grandes entreprises numériques et les groupes industriels qui luttent pour leur survie. Ces divorces n’ont pas empêché l’indice américain S&P 500 de franchir la barre historique de 3 000 points. Les investisseurs — surtout Américains — croient toujours à la création de valeur par les entreprises, même si c’est sûrement plus ardu pour elles que dans un passé récent.

Politique monétaire accommodante

En Europe aussi, les actions européennes enregistrent une belle année boursière jusqu’ici. Après ces quatre divorces, l’enterrement c’est celui de l’épargne mondiale ou plutôt celui de l’épargne sécurisée. Avec leur politique de taux bas, les banques centrales ont tué les rendements des retraites futures et déformé l’appréciation d’une valorisation des actifs. Mais pour que le corps du défunt soit plus présentable, elles ont pratiqué une savante thanatopraxie pour rendre ce dernier paisible et souriant avant sa mise en bière.

Sous couvert de protéger l’économie actuelle, elles ont donc sciemment présenté leur politique monétaire accommodante comme nécessaire et efficace. Une grande partie des obligations émises dans les pays qualifiés de « sûrs » offre désormais un rendement réel négatif. Lorsque le cycle monétaire se retournera, les épargnants seront malheureusement déjà sous terre et ne pourront se réveiller. Il n’y a que dans les mauvais films d’horreur ou dans les clips musicaux de Michael Jackson que les morts vivants existent.

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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