Donald Trump : orgueils et préjugés

Asset Management - Cet été, le président américain s'est encore déchaîné sur Twitter. Fidèle à lui-même, Donald Trump continue d'alimenter les tensions politiques avec la Chine et la Fed. Quelles conséquences ses interventions intempestives sur Twitter vont-elles avoir sur les marchés financiers ? Quelles perspectives pour les investisseurs en cas de déception après les nouvelles mesures des banques centrales ? Cyrille Geneslay, Gérant Allocataire chez CPR Asset Management, partage son analyse.

Il arrive, dans la vie d’un homme, ou d’une femme, que ses hautes fonctions le mettent en contact avec un agent pathogène extrêmement nocif : le pouvoir. Dès lors, intoxiqué par l’intime conviction de sa haute valeur, notre dirigeant risque de contracter une étrange maladie (trop peu) connue sous le nom de « syndrome d’Hubris ». Cette maladie mentale n’est pourtant pas récente, Platon en dressait déjà les contours dans l’antiquité. Mais s’il s’agissait alors de héros mégalomanes se prenant pour des dieux. Le dirigeant hubristique moderne, lui, est beaucoup plus raisonnable, limitant son champ d’action à son entourage plus ou moins proche.

Impulsif et irascible, il est obsédé par l’image qu’il renvoie. Il affiche une confiance excessive en ses capacités, confortée par sa tendance, presque pathologique, à tordre la réalité à son avantage. Peu prompt à accepter la critique, il lui arrive aussi de perdre de vue les aspects pratiques, voire les conséquences directes de ses actes. Au niveau d’une entreprise, son pouvoir de nuisance reste confiné à ses — pauvres — collaborateurs, mais lorsqu’il devient président de la première puissance mondiale économique et militaire, c’est tout le système qui menace de s’effondrer.

Ralentissement économique

En août dernier, Donald Trump a laissé éclater toute sa rage sur Twitter réagissant violemment aux contremesures chinoises, à l’inaction de la Réserve fédérale et à la participation de Sean Spicer à Danse avec les stars… Ce regain de tension politique couplé à la dégradation des données économiques laisse peu de place à l’optimisme. Notre scénario central anticipe maintenant un « ralentissement généralisé de l’économie » (60 %).

Dans ce scénario, les actions perdraient entre 5 % et 7,5 %. Mais la situation pourrait encore se dégrader en cas de « déception des marchés face aux mesures des banques centrales » (20 %) ; cela pourrait avoir un effet particulièrement dévastateur sur les taux qui remonteraient alors fortement entraînant les actions dans leur sillage. Enfin, notre dernier scénario (20 %) anticipe un retour de la confiance, qu’elle vienne des accords commerciaux ou d’hypothétiques relances budgétaires.

Cyrille Geneslay

Gérant allocataire - CPR AM

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