Donald Trump, année deux : cinq sujets à surveiller

Asset Management - La première année de mandat du Président des États-Unis, Donald Trump, s’est avérée pour le moins capricieuse. Suscitant parfois l’espoir d’une nouvelle ère de domination économique et industrielle pour les États-Unis, le Président a également instauré un climat de défiance à l’égard des relations avec les partenaires commerciaux et les alliés de longue date des États-Unis.

Les marchés financiers américains ont réagi favorablement à l’avènement de Donald Trump, mais semblent avoir occulté ses défauts. Les indices actions se sont hissés à des niveaux record, sans mouvement brutal du côté des taux d’intérêt. Après une période de dépréciation sur les trois premiers trimestres de l’année 2017, le dollar s’est finalement stabilisé face aux principales devises internationales.

Que peuvent attendre les marchés de la deuxième année de mandat de Donald Trump ?

La réforme fiscale

La réforme fiscale est l’une des promesses de campagne de Donald Trump les plus attendues. Le projet rédigé par les responsables républicains de la Chambre des représentants et du Sénat comporte plusieurs mesures correspondant aux intentions affichées par Donald Trump comme la baisse de l’impôt sur les sociétés, et la mise en place de tranches d’imposition simplifiées pour les particuliers.

Plusieurs de ces propositions de réforme affecteraient les entreprises américaines- notamment le rapatriement des bénéfices réalisés à l’étranger, l’introduction d’un système fiscal territorial, ou la limitation de la déductibilité fiscale des intérêts. Les nouvelles règles sur les bénéfices réalisés à l’étranger inciteraient les entreprises américaines à réinvestir tous leurs bénéfices, en capitaux ou en acquisitions. La modification de la déductibilité des intérêts affecterait l’attrait des émissions obligataires de certaines entreprises, et enrayerait la dynamique du marché du crédit corporate américain.

Le Président souhaite légiférer pour mettre en place ces réformes avant la fin de l’année, mais le projet est complexe, mal accueilli par certaines des entreprises qui pourraient être affectées, et doit encore être ratifié par le Sénat. Pour autant, les marchés ont peut-être trop anticipé le désaveu de la politique commerciale de Donald Trump, et sous-estiment la possibilité d’une ratification de la réforme fiscale. Même si la réforme définitive se révèle modeste, elle pourrait néanmoins donner aux marchés une impulsion haussière.

La politique commerciale

La politique commerciale que Donald Trump avait fait miroiter pendant sa campagne avait été largement plébiscitée par la classe ouvrière américaine. Ses premières mesures concernant les accords commerciaux existants, comme le retrait des États-Unis du Partenariat Trans-Pacifique (Trans-Pacific Partnership, ou TPP), ont clairement affirmé ses ambitions anti-mondialistes. Mais lors de sa tournée de novembre en Asie, il a accusé ses prédécesseurs, plutôt que la Chine, de l’aggravation du déficit commercial entre les deux pays. Puis, il a de nouveau adopté un discours protectionniste lorsqu’il a pris la parole lors du forum de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique).

Reste à connaître les conséquences des décisions et des actes de Donald Trump à mesure que sa politique commerciale évoluera. Les droits de douane sur les machines à laver sud-coréennes, ou les jets transporteurs de passagers britanniques ou canadiens, seront sans doute populaires sur le plan intérieur, mais ils pourraient compliquer durablement les relations des États-Unis avec ses principaux partenaires commerciaux. Il est à noter que certains acteurs économiques et politiques aux États-Unis, parfois même au sein du propre parti de Donald Trump, sont favorables au libre-échange, et pourraient tenter de faire échouer toute initiative purement protectionniste.

La déréglementation des services financiers

Donald Trump est friand des ordonnances et y a eu souvent recours pour modifier, ou annuler, un large éventail de réglementations sans avoir besoin de l’aval du Congrès. L’essentiel de cette déréglementation a pour but de préserver ou créer des emplois sur le sol américain. L’accent a notamment été mis sur l’abrogation d’une partie des règles mises en place au sein du secteur financier au terme de la crise financière mondiale de 2007-2009. Si la plupart de ces mesures étaient légitimes au vu de l’effondrement du secteur bancaire, même les règles partant d’une bonne intention peuvent entraver le bon fonctionnement des marchés financiers. Il semble que la réglementation au sein du secteur ait atteint son paroxysme.

Nominations à la tête de la Réserve fédérale

Comme peu de présidents avant lui, Donald Trump a eu la possibilité de définir la future orientation de la politique monétaire américaine en attribuant plusieurs postes vacants parmi les sept que compte le Conseil des gouverneurs. Il a également nommé Jerome Powell à la tête de la Fed, l’un des gouverneurs actuels qui est connu pour ses positions centristes sur le plan monétaire. Ce dernier a été désigné en novembre pour succéder à Janet Yellen. Dans une perspective à plus long terme, Donald Trump pourrait être tenté de constituer un conseil des gouverneurs de la Fed qui soit plus favorable à une accélération de la croissance économique et au maintien d’une posture accommodante en matière de politique monétaire.

Élections de mi-mandat au Congrès

Le renouvellement de l’ensemble des 435 membres de la Chambre des représentants et de 33 sénateurs en novembre 2018 sera surveillé de très près. Les Républicains disposent actuellement d’une majorité de 46 sièges à la Chambre et de 4 sièges en plus au Sénat. Il semble que ce soit au Sénat que l’ascendant du Parti républicain soit le plus menacé, mais c’est au contraire à la chambre haute que les Démocrates auront le plus de difficultés. Même après la récente annonce du départ en retraite de deux sénateurs républicains, davantage de sénateurs démocrates devront malgré tout se présenter à nouveau l’année prochaine.

En définitive, le projet de réforme fiscale doit passer devant le Sénat et être conforme à la version approuvée par la Chambre des représentants. Ce sera l’une des clés de la réélection de nombreux élus.

Michael Grady

Responsable de la Stratégie d’investissement et Chef économiste

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