Croissance : le monde aux prises avec le coronavirus

Asset Management - Cette semaine, les marchés mondiaux tentent de prendre la mesure du coronavirus. Comment chiffrer l'impact économique de l'épidémie ? Les conséquences seront-elles durables à l'échelle mondiale ? Tomas Hildebrandt, Gérant Senior en charge de la gestion institutionnelle d’actifs français chez Evli, partage son analyse.

Comme un tsunami, le coronavirus s’est propagé depuis la Chine vers le reste du monde. Le nombre croissant de cas — notamment au Japon, en Corée et en Italie — a surpris tout le monde. La baisse du nombre de nouveaux cas en Chine n’a apporté que peu de soulagement, voire aucun. Une deuxième vague est à craindre en Chine, au moment où les quarantaines prendront fin et que les populations recommenceront à interagir davantage.

En tout état de cause, l’impact financier du coronavirus sera important en Chine. Les arrêts de production entraîneront des pertes, non seulement pour les entreprises chinoises mais aussi pour leurs clients étrangers. En Chine, le PMI manufacturier a chuté à un niveau record de 35,7 points. Le nombre d’avertissements sur les résultats des entreprises a aussi augmenté sur tous les marchés en raison de l’épidémie. Enfin, les effets des quarantaines imposées dans les pays où le virus s’est propagé sont également redoutés.

Vers la fin de l’épidémie ?

Néanmoins, si nous comparons cette situation à la propagation des précédentes épidémies de SRAS et de grippe porcine, la résorption de l’épidémie est tout à fait probable. Une reprise rapide et forte de la production industrielle constitue le scénario le plus réaliste quand les usines retrouvent leur pleine capacité et que les carnets de commandes se remplissent à nouveau.

Toutefois, les pertes subies dans les secteurs des services ne peuvent être compensées. La structure de l’économie mondiale a considérablement changé en 17 ans. La Chine et la production de services représentent actuellement une part nettement plus importante de l’économie mondiale qu’auparavant.

Chiffrer les pertes économiques

Le coût de l’épidémie atteint un niveau astronomique. Au premier trimestre, la croissance économique mondiale devrait rester jusqu’à 0,3 % inférieure aux prévisions. Avec une valeur de l’économie mondiale actuellement d’environ 90 000 milliards de dollars, cela signifierait une baisse de 270 milliards de dollars.

La capitalisation boursière du marché mondial a chuté d’environ 5 000 milliards dollars au cours de la dernière semaine de février. Afin de compenser ces pertes, de nombreux pays sont prêts à accorder des allégements fiscaux, et les banques centrales devraient également réagir. Cela s’est d’ailleurs déjà produit en Chine. La Banque Centrale des États-Unis a aussi réagi avec une baisse de 0,5 point de son taux des fonds fédéraux surprenant et étonnant les marchés financiers.

Croissance : le monde aux prises avec le coronavirus
Performances de divers indices boursiers depuis le 30 septembre
Source : Evli Fund Management

Vers un impact mondial durable ?

Les consommateurs peuvent par exemple annuler leurs voyages ou changer leurs loisirs. Au moins à court terme, les hôtels, les restaurants, les parcs d’attractions et les transports subiront des baisses de fréquentation. Dans des cas similaires, 3 à 12 mois ont été nécessaires pour que les ventes reviennent à leur niveau antérieur.

L’amélioration de la sécurité d’approvisionnement peut également devenir un facteur clé pour les entreprises. On passera d’une réduction de la base d’approvisionnement à des chaînes d’approvisionnement plus décentralisées. Toutefois, il pourrait ne pas être possible d’anticiper tous les impacts de cette épidémie au niveau mondial.

À long terme, cela dépendra de l’évolution des cycles de vie des différents virus. Il s’est écoulé plusieurs années depuis la dernière grande épidémie de corona et plus de 100 ans depuis la dernière pandémie. Si les cycles se rapprochent ou si les épidémies deviennent plus fréquentes, un « risque viral » pourra apparaître dans l’économie et sur le marché. Il est intéressant de noter qu’à court terme, l’arrêt de la production industrielle mondiale a été un facteur positif du point de vue des émissions de gaz à effet de serre.

Pendant ce temps là…

Le prix du pétrole brut est tombé à 52 dollars le baril alors que la demande mondiale était au point mort. Si le prix reste bas lorsque l’épidémie sera maîtrisée, cela apportera certes un répit anticipé à l’industrie et aux consommateurs, mais cela constituera une nouvelle difficulté ajoutée aux coûts de production élevés. Ainsi, les prix ont-ils plus de chances de revenir à leur niveau précédent.

Les discussions entre l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni sur la mise en œuvre du Brexit ont également connu un début laborieux. La Grande-Bretagne souhaite une période de négociation très courte, et menace d’un « hard Brexit » si les négociations n’ont pas suffisamment progressé d’ici juin.

Tomas Hildebrandt - Evli Fund Management Company

Gérant Senior pour des clients institutionnels

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