Croissance européenne : Angela Merkel, sous pression

Asset Management - Les statistiques économiques de la semaine précédente montrent le ralentissement de la croissance européenne. Quels sont les risques politiques qui pèsent sur la zone euro ? Quelle est l'influence de l'épidémie de coronavirus ? Les explications de César Pérez Ruiz, responsable des Investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

La croissance européenne marque le pas. Alors que des signes prometteurs laissaient penser qu’un cap critique avait été franchi, les statistiques économiques publiées la semaine dernière ont montré que la zone euro avait enregistré au quatrième trimestre sa plus faible progression depuis la crise de la dette européenne. L’Allemagne qui — conformément aux attentes — a affiché une croissance latérale durant la période, voit ses perspectives désormais assombries par un environnement politique incertain et par le récent accès de faiblesse de la Chine.

Quel environnement économique ?

Les banques européennes ont pour leur part bénéficié d’une série d’événements témoignant de liens de plus en plus profonds entre les marchés du crédit et les marchés actions. La quête de revenus des investisseurs a entraîné à la baisse les rendements de certaines émissions d’obligations à conversion obligatoire (CoCo) — une catégorie d’emprunt particulièrement risquée —, considérablement sursouscrites. 

La focalisation des responsables politiques allemands sur la situation intérieure devrait encore se renforcer après la décision d’Annegret Kramp-Karrenbauer de renoncer à la présidence de la CDU. Et la tenue d’élections législatives anticipées en Allemagne en 2021 paraît désormais plus probable. Par ailleurs, le fléchissement de la demande chinoise pourrait avoir un impact considérable, sachant que les exportations à destination de la Chine représentent près de 3 % du PIB allemand.

Nous préférons le crédit européen à son homologue américain, mais ces dernières transactions mettent en évidence la nécessité de procéder à une étude approfondie avant d’investir sur les marchés du crédit. L’approbation par un tribunal fédéral de l’acquisition de Sprint par T-Mobile annoncée il y a deux ans, pour un montant de 59 milliards de dollars, est de bon augure pour le secteur des fusions-acquisitions. Nous continuons en outre de privilégier les stratégies event-driven dans cet environnement.

Risques de Brexit et de coronavirus

Portée par les espoirs de mesures de relance budgétaire significatives après les événements qui ont secoué le 10 Downing Street la semaine dernière, la livre s’est redressée. Nous restons positifs à l’égard de l’immobilier au Royaume-Uni et des sociétés britanniques exposées au marché domestique. 

Malgré un pic des nouveaux cas d’infection au coronavirus répertoriés en milieu de semaine, lié à une modification des critères de diagnostic, la propagation du virus semble se stabiliser.

Cette modification des critères répond à la volonté d’élargir les catégories de patients susceptibles de recevoir un traitement, ce qui est rassurant. Les actions chinoises se sont d’ailleurs inscrites en hausse après l’annonce par Pékin de mesures de relance renforcées, visant à contrebalancer l’impact du virus sur l’économie.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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