Le crédit corporate : un bilan contrasté

Asset Management - Muzinich & Co dévoile son Corporate Credit Market Snapshot, avec un bilan en demie-teinte.

Les obligations d’entreprises américaines ont enregistré des performances contrastées en novembre : les titres high yield et investment grade ont clôturé le mois dans le rouge, tandis que les loans ont progressé à la faveur de la conviction grandissante du marché à l’égard d’un relèvement des taux par la Réserve fédérale américaine en décembre. Le high yield a également pâti au début du mois de plusieurs facteurs, comme notamment l’accroissement du risque idiosyncratique et certaines prises de bénéfices après que les valorisations aient atteint leurs plus hauts niveaux cycliques le 24 octobre. Le secteur des télécommunications a également été mis sous pression suite à la décision de Softbank de mettre fin aux négociations de fusion entre Sprint Telecom et T-Mobile US, tandis que le mariage entre AT&T et Time Warner est resté bloqué par l’Autorité de la concurrence américaine. Les avancées sur le front de la réforme fiscale aux États-Unis ont elles aussi figuré au centre de l’attention, la tournée de Donald Trump en Asie au début du mois ayant conduit les investisseurs à craindre que peu de progrès soient accomplis avant la fin de l’année.

Toutefois, après un accès de faiblesse de courte durée, les investisseurs ont repris pied dans la classe d’actifs à des niveaux de valorisation moins élevés et sur fond de signes témoignant de l’avancée de la réforme fiscale, comme l’a tout particulièrement attestée en fin de mois la bénédiction donnée par le sénateur John McCain au projet de loi de réforme. Même si les marchés high yield et investment grade ont légèrement
reculé durant le mois, nous estimons que les fondamentaux des entreprises américaines demeurent attractifs dans un contexte technique globalement positif.

 

Les marchés européens des obligations d’entreprises ont faibli en novembre et, tant les segments high yield qu’investment grade ont sous-performé leurs homologues américains. Il ne semble pas y avoir eu de catalyseur particulier à l’origine de l’aversion au risque qui a prédominé sur les marchés (notamment high yield) au début du mois. Aussi, il est probable que ce soient les craintes à l’égard des niveaux excessifs atteints par les valorisations, en particulier parmi les notations les plus basses, qui ont entraîné des prises de bénéfices.

La politique en Allemagne a fait la une de l’actualité après l’échec d’Angela Merkel à former une « coalition jamaïcaine » à la suite de l’échec des pourparlers entre le parti minoritaire de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de Merkel, le Parti libéral démocrate (FDP) et les Verts. Dans la mesure où aucun accord n’avait pu être conclu à la fin du mois, les spéculations entourant de nouvelles élections, ainsi que l’avenir d’Angela Merkel en tant que chancelière, se sont alors intensifiées. Toutefois, les événements en Allemagne ne sont guère parvenus à ébranler la confiance dans la reprise globale de la croissance en Europe. L’indicateur de confiance économique de la Commission européenne est resté à son plus haut niveau en 10 ans, tandis que la dernière Revue de stabilité financière de la BCE a mis en avant les améliorations de la croissance économique, tout en avertissant que les investisseurs prenaient peut-être trop de risques dans certains domaines et pouvaient ainsi être vulnérables à tout choc économique soudain.

 

En dépit d’une performance relativement stable en fin de mois, novembre s’est révélé être un mois plus volatil pour les obligations d’entreprises des marchés émergents. Les performances sectorielles ont été contrastées. Les secteurs des matières premières/des métaux lourds/des mines et du pétrole/du gaz ont bénéficié de la vigueur continue du prix du pétrole et des marchés des matières premières en dépit des fluctuations intervenues en milieu de mois suite aux craintes de voir le ralentissement de la croissance chinoise se traduire par une baisse de la demande. A la fin du mois, le consortium de producteurs OPEP et non-OPEP avait également convenu de prolonger la réduction de la production durant toute l’année 2018, offrant ainsi un soutien supplémentaire au prix du pétrole pour une période prolongée. Les obligations d’entreprises dans les secteurs de la consommation et des infrastructures ont légèrement reculé. Au niveau régional, les émetteurs africains et latino-américains ont continué de bénéficier de la recherche de rendements des investisseurs, ainsi que des performances positives des groupes de matières premières.

Sans surprise, les obligations d’entreprises au Moyen-Orient ont sous-performé, pénalisées par la purge anti-corruption en Arabie saoudite, même si celle-ci s’était toutefois considérablement apaisée à la fin du mois. Par ailleurs, l’évolution économique positive en Inde, sous la houlette du Premier ministre, a porté ses fruits sur le front des notations. En effet, Moody’s a relevé d’un cran la notation souveraine du payset a revu sa perspective. L’Argentine a également bénéficié d’un relèvement d’un cran de sa notation souveraine par Moody’s. A l’inverse, S&P et Fitch ont abaissé la notation de l’Afrique du Sud en raison de la persistance de la mauvaise gestion et de la corruption des politiques. En Asie, confortée par les signes de renforcement de l’économie, la Banque centrale de Corée du Sud a procédé à sa première hausse des taux d’intérêt depuis 2011 ; elle les a ainsi relevés de 25 points de base à 1,5 %. Dans le même temps, l’économie chinoise a continué de témoigner de signes de croissance avec un indice des directeurs d’achat (PMI) qui est ressorti à 51,8, un niveau supérieur aux attentes du marché.

La Rédaction - Le Courrier Financier

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