Covid : la pandémie s’emballe

Asset Management - Début 2021, la pandémie de Covid-19 s'accélère à la faveur de l'hiver. Face à plusieurs mutations du virus, les pays adoptent à nouveau des mesures sanitaires strictes. Quelles perspectives sur les marchés financiers pour les investisseurs ? Le point avec Sebastian Paris Horvitz, Stratégiste chez La Banque Postale Asset Management (LBPAM).

La progression inquiétante et surtout difficile à contrôler de la pandémie devra sûrement se traduire par des mesures plus radicales de confinement dans les semaines à venir.

Virus en pleine mutation

Presque partout où la pandémie progresse, notamment en Europe et aux Etats-Unis, les mesures actuelles de confinement ou de restriction de la mobilité semblent ne pas donner les effets escomptés. Nous le voyons clairement au niveau mondial, avec des records battus presque tous les jours sur le nombre de décès ou de nouveaux cas.

Certains y voient l’effet des nouvelles mutations du virus qui seraient bien plus contagieuses. Des restriction plus radicales viendraient évidemment écorner la croissance. Toutefois, pour l’instant, à l’aune de l’effet bien moins fort sur l’activité des confinements récents, l’hypothèse qui domine est que la croissance ne sera que faiblement affectée. A vu des statistiques sur la maladie, il se pourrait que cette hypothèse soit un peu trop optimiste.

Nous continuons à tabler sur un T1 2021 qui resterait assez poussif avec une grande difficulté à maintenir la dynamique porteuse constaté en décembre dans les mois qui viennent. Il se pourrait que cette prévision s’avère pas assez prudente si on n’arrive pas à calmer la diffusion du virus. Nous ne pouvons que continuer à souligner qu’en dépit de l’accélération des vaccinations qu’on a constaté ces dernières semaines, cela ne changera rien à court terme à la situation sanitaire générale. 

Covid : la pandémie s’emballe

Etats-Unis, le plan de relance

Aux Etats-Unis, la situation politique créée par les troubles générés par l’attitude du président sortant — se concluant par l’invasion du Capitole — pourrait se traduire par un début de présidence de Joe Biden bien plus modérée qu’on pouvait le penser. Les tensions qui ont émergé pourraient pousser Joe Biden à avoir une approche cherchant plus de compromis avec l’aile modérée des républicains. Le résultat serait, du moins en ce début de présidence, la mise en place de politiques relativement modérées.

Nous partageons l’avis de ceux qui anticipent un premier plan supplémentaire de soutien à l’économie plutôt mesuré, en réponse à la détérioration de la situation sanitaire. Ainsi, le nouveau président devra-t-il tenter de calmer les ardeurs des démocrates qui visent un plan de dépenses très radical. La promesse d’un plan de relance plus important plus tard, qui intégrerait des dépenses en infrastructures — y compris visant à préparer la transition énergétique — pourrait calmer la volonté de dépenser plus aujourd’hui.

Par la suite, on verra sûrement des mesures plus controversées, notamment des hausses d’impôts, même si peut-être elles pourraient s’avérer moins fortes que celles présentées pendant la campagne. En particulier, la promesse de remonter le taux d’imposition des sociétés de 21 % à 28 % pourrait être moins brutale. Toutes ces hypothèses seront testées assez vite.

Covid : la pandémie s’emballe

Europe, le défi du post-Brexit

En Europe, les négociations sur la coopération dans le domaine financier entre l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni viennent de débuter. Evidemment pour les Britanniques, tout accord dans ce domaine sera crucial. N’oublions pas que la finance représente près de 7 % du PIB britanniques. Ces négociations risquent d’être longues. La volonté de l’UE : ne pas créer de perturbations majeures sur la place financière européenne — mais en même temps de « ramener » sur le contient un grand nombre d’activités que le régulateur européen voudrait contrôler directement.

Ainsi, il semble difficile de penser que les Britanniques obtiendront une équivalence large concernant les activités financières. Les marchés semblent bien plus hésitants dans leur marche vers les sommets. Même si l’optimisme reste dominant, les progressions de derniers mois semble pourrait peser sur de cours qui ont déjà beaucoup anticipé. Même le nouveau plan de relance américain semble déjà bien intégré dans les prix.

De ce fait, le marché pourrait avoir du mal à résister à davantage de mauvaise nouvelles sur le plan sanitaire ou les effets potentiels négatif que ceci pourrait avoir sur l’activité aux Etats-Unis ou en Europe en début d’année. De même, une accalmie dans la hausse des taux longs américains, après la forte progression pendant le mois écoulé sera la bienvenue afin de ne pas mettre davantage d’obstacles sur les paris optimistes qui dominent les actifs les plus risqués.

2021, les raisons de rester prudents

Quoi qu’il en soit, les signaux en provenance de l’économie réelle suggèrent vraiment une certaine prudence, malgré, il est vrai, des statistiques rassurantes sur l’état de l’activité générale délivrée par les PMIs pour le mois de décembre, notamment aux Etats-Unis. Les mauvaises statistiques d’emploi pour le mois de décembre ont souligné la fragilité qui pourrait provenir des mesures de confinement, avec le fort recul des emplois dans le secteur de la restauration. 

La dernière enquête sur l’activité dans les petites entreprises, a aussi montré une très forte modération de l’optimisme qui prévalait il y a quelques mois. Il est vraisemblable que l’anticipation de l’arrivée de démocrates au pouvoir ait eu un effet négatif, tout comme l’arrivée de Trump au pouvoir a eu un effet extrêmement positif à la fin 2016. Néanmoins, cela montre qu’un peu de prudence pour les mois à venir ne semble pas du tout incongrue.

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

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