Covid-19 : guerre éclair ou guerre d’usure ?

Asset Management - Avec l'hiver, l'Europe voit arriver la deuxième vague du coronavirus. Quelles défenses monétaires et sanitaires les Etats vont-ils pouvoir déployer ? Quelle influence ces décisions auront-elles sur les marchés financiers ? Les explications de Thomas Planell, Gérant-analyste chez DNCA.

A deux mois du solstice d’hiver, l’Europe est déjà sous l’emprise d’une seconde vague infectieuse. Une hausse du taux de reproduction aussi forte dès l’automne n’augure pas du meilleur pour les prochains mois, les plus difficiles : ceux au cours desquels les températures, et donc les immunités, seront les plus faibles.

Dans l’esprit agité des marchés, la tête de pont virale en Europe fait craindre l’ouverture imminente d’un second front aux Etats-Unis. Les défenses sont fragiles : des deux côtés de l’Atlantique, la vigueur de la reprise faiblit déjà. L’arme monétaire de dissuasion contre la déflation a été déployée mais les frappes conventionnelles — plan de relance européen, stimulus budgétaire américain — tardent à être mises en œuvre.

Soutiens publics

Enfin le vaccin, vecteur stratégique ultime, projet Manhattan de notre siècle, ne devrait pas intégrer l’arsenal disponible avant début 2021. En Occident, une victoire éclair semble désormais peu probable. Plus la lutte contre l’épidémie s’enlise, plus la faiblesse des secteurs les plus fragilisés contamine le reste de l’économie, et plus la reprise dépendra des soutiens publics tant attendus.

« Il n’y a rien de plus permanent qu’un programme public temporaire », écrivait l’économiste libéral Milton Friedman, rival aujourd’hui solitaire d’un John Maynard Keynes apothéosé par l’urgence économique et sanitaire de notre temps. Le risque de dégradation supplémentaire de la situation sanitaire pourrait précipiter le scénario d’une guerre d’usure.

L’hiver à nos portes

Dans ce cas de figure, le temps s’ajoute au nombre des ennemis : l’effet marginal des stimulus décroit avec leur fréquence, la dette s’accroît irréfragablement, la confiance à l’égard de la valeur de la monnaie s’érode significativement.

Enfin, l’insuffisance de croissance achève de refermer sur ses victimes le cercle vicieux de la stagflation. Les prochains mois seront donc décisifs. Ils l’ont d’ailleurs souvent été au cours des grandes batailles de l’histoire de France et du monde : pourtant invisible, le Général Hiver a défait bien des armées. 

Thomas Planell - DNCA

Gérant analyste

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