Coronavirus : locked-down, le monde à l’arrêt

Asset Management - Cette semaine, le coronavirus pousse les pays occidentaux à prendre des mesures. Quarantaine et confinement pour les citoyens, injection de liquidités des banques centrales, investisseurs dans l'attente d'un retour de l'activité... Quelles sont les perpectives à venir pour les marchés financiers ? Vincent Boy, Analyste chez IG France, partage son analyse.

En un weekend, les niveaux d’alertes ont augmenté au niveau mondial. La plupart des pays européens ont demandé à leur population de rester chez eux. Les restaurants, les bars et les autres commerces non essentiels ont fermé leurs portes en Europe, et peu à peu au Etats-Unis avec New York et Los Angeles entre autres.

Donald Tump et quarantaine

Le discours de Donald Trump lors duquel il tentait de rassurer les marchés financiers vendredi dernier — en se permettant même quelques serrages de mains devant les journalistes — a permis aux marchés américains d’enregistrer une des plus importantes progressions depuis la création de l’indice, mais cela ne devrait pas durer.

Le président américain prend enfin des mesures pour restreindre la population aux déplacements nécessaires uniquement. Mais le manque de réactivité de la part de l’administration américaine pourrait donner lieu à une augmentation du nombre de cas bien plus rapide qu’en Europe, à conditions bien sûr que des tests soient fait à grande échelle.

Réactions des banques centrales

La Fed est également intervenue ce weekend en abaissant son taux à 0 % – 0,25 % et annonçant une injection de liquidité de 700 Mds$, en amont de la réunion de politique monétaire qui devait se dérouler mardi et mercredi prochain. Ce geste n’a actuellement aucun effet sur les indices Futures, qui se sont encore une fois mit en mode coupe circuit cette nuit.

Le geste rapide de la Fed pourrait être catastrophique si la pandémie venait à se poursuivre, car cela restreint les possibilités de la réserve fédérale américaine pour rassurer les marchés. Le manque de liquidité fait craindre de plus en plus une crise financière sans précédent. Le monde est inondé de liquidité depuis 10 ans — alors même que l’économie se portait bien — mais au vu de l’ampleur de la crise à venir, les banques centrales mondiales pourraient se retrouver sans marges de manœuvre pour soutenir l’économie mondiale.

La Banque du Japon (BOJ) a de son côté annoncé maintenir son taux à – 0,10 % mais elle a en revanche annoncé un doublement de ses rachats d’actifs annuels à 12 trillions de Yen, contre 6 auparavant. En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) préconisait une action des gouvernements avant celle de la banque centrale. Tous les pays se sont peu à peu enfermés de l’intérieur. L’Allemagne a même annoncé le retour des contrôles aux frontières avec la plupart de ses pays limitrophes.

Marchés dans l’expectative

En Asie, l’activité semble peu à peu reprendre… Mais les pouvoirs chinois s’inquiètent du nombre de nouveaux cas concernant des personnes qui rentrent au pays en provenance d’Europe ou des Etats-Unis. Dans l’attente de connaître l’impact de cette crise en Europe et aux USA, les investisseurs ont pu constater l’étendue des dégâts en Chine avec la publication des ventes de détails au plus bas depuis la publication de cet indicateur à – 20,5 % et de la production industrielle au plus bas depuis 1990 à – 13,5 %.

Nous pouvons nous attendre au même type de publications dans les autres zones économiques mondiales pour le mois de mars et au-delà. Par ailleurs, cette baisse de l’activité en Chine pourrait conduire à de nombreux décalages dans l’approvisionnement des sociétés en Europe et aux Etats-Unis et mener de nombreuses sociétés à la faillite.

Les marchés devraient une nouvelle fois rechercher les points bas. Les économies du monde entier devraient plutôt se concentrer sur le ralentissement de la propagation, puis annoncer des mesures fiscales et budgétaires immédiates et efficaces avant d’intervenir au niveau monétaire.

Quelles mesures de sauvetage ?

Si l’épidémie perdure et si les petits commerçants ne sont pas massivement soutenus, une relance monétaire sur un tissu économique décimé n’aura aucun impact. Elle mènera probablement à la pire crise financière que le monde ait connue.

Les compagnies aériennes ont été les premières touchées. Le gouvernement italien a annoncé prendre le contrôle total de la compagnie Alitalia pendant que le gouvernement français envisageait renflouer Air France et que les Pays-Bas précisaient qu’ils feraient tout ce qui est possible pour permettre à KLM de poursuivre ses activités. Ce type de soutien pourrait devenir nécessaire dans de nombreux secteur d’activité dans les semaines à venir.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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