Chine : poursuite du ralentissement de la croissance

Asset Management - En Chine, la croissance économique poursuit sa décélération au troisième trimestre 2019. Quels sont les secteurs les plus touchés ? Quelles sont les répercutions sur les investissements et les marchés financiers ? Que faut-il attendre des négociations commerciales avec les Etats-Unis ? Matthieu Grouès, Associé Gérant et Responsable des gestions institutionnelles chez Lazard Frères Gestion, partage son analyse.

Le ralentissement de la croissance chinoise s’est poursuivi au troisième trimestre — celle-ci passant de +6,2 % à +6,0 % sur un an — rythme qui se situe dans la fourchette basse de l’objectif de 6,0 % à 6,5 % visé par les autorités cette année. Ce ralentissement s’explique principalement par celui du secteur secondaire, où la croissance a ralenti de +5,6 % à +5,2% sur un an.

Le poids du commerce extérieur

Les données d’activité de septembre montrent une dynamique plus favorable à la fin du troisième trimestre, après des mauvais chiffres en juillet et en août. La production industrielle a accéléré de +4,4 % à +5,8 % sur un an, les ventes au détail de +7,5 % à +7,8 % sur un an et l’investissement de +4,2 % à +4,7 % sur un an. En revanche, le commerce extérieur reste faible, avec notamment une poursuite du ralentissement des exportations vers les Etats-Unis (-21,9 % sur un an).

En regardant de plus près ces données du troisième trimestre, ce sont surtout l’investissement dans le secteur manufacturier et les ventes de voitures qui ont ralenti. Ces dernières avaient fortement accéléré au deuxième trimestre, avant la mise en place de nouvelles normes anti-pollution à partir du 1er juillet dans plusieurs villes, les concessionnaires baissant leurs prix pour écouler leur stock de véhicules hors normes. Depuis, elles ralentissent par contrecoup. Le reste de l’économie tient mieux.

Vers un accord avec les Etats-Unis ?

L’investissement en immobilier est bien orienté. Nous observons un début d’amélioration de l’investissement en infrastructure, suggérant que les mesures de soutien mises en place par les autorités commencent à se diffuser à l’économie réelle. En parallèle, la croissance du crédit continue de se redresser progressivement, en partie grâce aux mesures de la banque centrale, qui a de nouveau baissé le coefficient des réserves obligatoires pour les banques en septembre.

Les développements relatifs à la guerre commerciale sont plus positifs. Les Etats-Unis ont accepté de reporter une nouvelle augmentation des droits de douanes sur quelques 250 Mds USD de produits chinois, censés intervenir le 15 octobre. En contrepartie, la Chine s’est engagée — entre autres — à augmenter ses achats de produits agricoles et à ouvrir davantage son secteur financier aux entreprises américaines. Cette première étape vers un éventuel accord plus global pourrait être officialisée mi-novembre lors du sommet de l’APEC.

Matthieu Grouès - Lazard Frères Gestion

Associé Gérant et Responsable des gestions institutionnelles

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