Brexit : « The ringing of the division bell has begun »

Asset Management - Le 31 décembre prochain, le Royaume-Uni quittera définitivement l'Union Européenne (UE). L'absence d'accord commercial risque de se répercuter lourdement sur le cours de la livre sterling. En pleine crise sanitaire, comment le Royaume-Uni va-t-il aborder 2021 ? L'éclairage de Thomas Planell, Gérant-analyste chez DNCA.

C’est de l’autre côté de la Manche, au studio Super Bear de Berre-les-Alpes, en France, que le célèbre groupe londonien des Pink Floyd a choisi de s’exiler pour enregistrer entre avril et novembre 1979 Confortably Numb, chef-d’œuvre parmi tant d’autres du célèbre album The Wall.

Retour des frontières

Difficile de résister à la tentation d’évoquer cette « douce torpeur » qui enveloppe les marchés :  alors que brique après brique, inexorablement, le mur de la discorde continue de s’ériger entre Calais et Douvres, les indices britanniques continuent d’évoluer langoureusement à proximité de leurs plus hauts annuels.

A l’heure où nous rédigeons ces lignes, il ne reste pourtant aux négociateurs que trois jours pour parvenir à un accord commercial [texte achevé de rédiger le 11 décembre, NDLR]. En cas d’échec, les barrières douanières et tarifaires posées par les standards de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) s’appliqueront entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Elles n’empêcheront pas la poursuite des échanges mais pèseront fortement sur leur dynamisme. A l’issue des négociations, la livre, qui a déjà cédé près de 8 % depuis le début de l’année face à l’euro devrait être l’objet des arbitrages les plus violents.

1 800 milliards d’euros

En cas de déception, la baisse de la devise pourrait cependant atténuer le repli des valeurs exportatrices qui composent le Footsie 100. En revanche, les valeurs domestiques du Footsie 250 plébiscitées par les investisseurs les plus optimistes pourraient être plus fragiles. Les marchés européens pourraient en revanche faire preuve d’une plus grande résilience.

L’hypothèse d’une forte reprise en 2021 reste intacte et crédibilisée par la disponibilité des vaccins. Le retrait du veto de la Hongrie et de la Pologne devrait permettre de ratifier le budget communautaire de 1 800 milliards d’euros, confirmant le versement des fonds du plan de relance de 750 milliards d’euros en milieu d’année prochaine.

1 800 milliards, c’est aussi peu ou prou le montant total du plan pandémique de rachats d’actifs, après l’enveloppe de 500 milliards supplémentaires annoncée jeudi par Christine Lagarde.

Début du compte à rebours

« Les cloches de la division ont déjà sonné » confessait mélancoliquement David Gilmour dans High Hopes… Quelle que soit l’issue dimanche soir de ces quatre années de négociations rocambolesques, le couperet de la sortie du marché unique s’abattra sur la Manche le 1er janvier 2021. Le divorce sera consommé et la levée de l’incertitude permettra peut-être d’aller à nouveau de l’avant…

Thomas Planell - DNCA

Gérant analyste

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