Brexit sans accord : « Keep calm and carry on »

Asset Management - L'élection cet été de Boris Johnson a réveillé l'inquiétude des marchés financiers au sujet d'un « hard Brexit », c'est-à-dire d'un Brexit sans accord avec l'Union Européenne. Pourtant, le risque d'un « No Deal » Brexit était déjà au plus haut au printemps dernier. Comment le cours de la livre réagit-il ? Le « No Deal » est-il inéluctable ? Stefanie Holtze-Jen, Chief Currency Strategist chez DWS, partage son analyse.

Ces dernières années, la livre sterling (GBP) a été fortement influencée par la perception du risque politique. Le soulagement qui a suivi le référendum écossais sur l’indépendance en 2014 s’est avéré de courte durée. En 2016, le Royaume-Uni a surpris tout le monde en votant — de justesse — sa sortie de l’Union européenne (UE). Depuis, la livre a souffert, à chaque fois que les investisseurs ont craint un « Brexit désordonné ».

Légère dépréciation de la livre

Cependant — dans une perspective à plus long terme — la dépréciation de la livre sterling par rapport à l’euro au cours des dernières semaines n’a pas été très marquée, comme le montre le graphique ci-dessous. L’intimidation de Boris Johnson, le nouveau Premier ministre, et de son équipe — qui ont annoncé le Royaume-Uni quittait l’UE sans un accord — a fait des dégâts mais de façon relativement modeste.

Cela peut s’expliquer par le fait que beaucoup de risques ont déjà été pris en compte après le référendum. Bien sûr, les choses peuvent empirer pour la livre dans les semaines à venir. Le retour du Parlement après la pause estivale n’est prévu que le 3 septembre. D’ici là, de nombreux scénarios plus ou moins plausibles seront sans doute évoqués par Boris Johnson et ses alliés, sur la façon dont un Brexit « No Deal » peut être mis en place en contrant la résistance parlementaire.

Vers un « No Deal » inéluctable ?

Selon nous, le risque d’un Brexit « No Deal » a atteint son paroxysme au printemps. Au début de l’année, nous étions très inquiets de voir à quel point la plupart des observateurs semblaient optimistes quant à la conclusion d’une entente quelconque à la Chambre des communes. En janvier dernier, nous écrivions « Méfiez-vous de la complaisance du Brexit ».  Dans le même ordre d’idées, nous pensons que le moment est peut-être venu de « Keep calm and carry on », d’après le célèbre slogan de la guerre.

Selon la Constitution britannique — qui n’est en grande partie pas écrite — la souveraineté appartient fermement au Parlement, et ce depuis des centaines d’années. Comme l’a souligné Vernon Bogdanor, Professeur-chercheur au Centre pour la politique et le gouvernement britanniques de l’université King’s College à Londres, dans ses récents travaux sur le sujet, « jusqu’en 1975 (….) la Constitution britannique ne connaissait rien du peuple ».

En conclusion, il ne sera pas facile d’empêcher un « No Deal », mais cela est tout de même possible, si le Parlement est déterminé. Par ailleurs — contrairement à la situation du printemps — il y existe maintenant beaucoup de preuves montrant que le Parlement aura à la fois les moyens et la volonté de le faire.

Stefanie Holtze-Jen - DWS

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