Le Brexit accroît la volatilité et ralentit la reprise mondiale

Asset Management - Le vote du Royaume-Uni en faveur d'une sortie de l'Union Européenne va ralentir la reprise économique mondiale, la croissance et l'inflation devant rester plus modérées qu'elles ne l'auraient été autrement. Toutefois, son impact sera beaucoup plus fort au Royaume-Uni et dans la zone euro qu'aux États-Unis, au Japon ou sur les marchés émergents, estime John Greenwood, l'économiste en chef d'Invesco dans ses perspectives économiques pour le 3e trimestre 2016. 

« Les conséquences à long terme pour les marchés financiers et pour l’activité économique au Royaume-Uni et dans les économies qui lui sont étroitement liées vont accroître l’incertitude et donc la volatilité pendant un certain temps », souligne-t-il. Globalement, John Greenwood anticipe une croissance mondiale et une inflation modérées dans un contexte marqué par une faible croissance de la masse monétaire et du crédit ces dernières années.

Avant le référendum sur le Brexit, l’économie britannique a enregistré une croissance modeste de 2% en glissement annuel au 1er trimestre 2016, alors que l’appétit des ménages pour l’endettement remontait et que les prêts bancaires étaient de nouveau en hausse. Comme John Greenwood le souligne, une grande partie de cette amélioration pourrait désormais être compromise par l’incertitude apportée par le Brexit, avec des flux de capitaux plus faibles, une réduction des investissements et des pertes d’emplois en réaction à cette décision.

L’activité et les exportations dans les services financiers en particulier sont susceptibles de subir de considérables revers alors que les termes des relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne seront renégociés. « L’ampleur de la baisse des investissements et du ralentissement économique au Royaume-Uni dépendra très largement des conditions que le Royaume-Uni pourra négocier dans le cadre des quatre libertés de l’UE – liberté du commerce des biens, des services et des capitaux et libre circulation des personnes, » explique John Greenwood. « Les deux parties ont des intérêts à protéger, mais l’UE aura probablement l’avantage dans les négociations. » L’économiste en chef d’Invesco prévoit désormais une croissance de l’économie britannique de 1,4% cette année, contre une prévision précédente de 2,2% pour 2016, et environ 1% en 2017.

Alors que les conséquences à long terme du Brexit devraient être en faveur du reste de l’UE, les investissements se détournant du Royaume-Uni au profit de l’UE, il pense que les chocs sur l’activité économique liés à une livre sterling plus faible et au ralentissement de la croissance au Royaume-Uni nuiront aussi aux autres économies de l’UE à court terme. En outre, le programme d’assouplissement quantitatif de la BCE reste moins stimulant pour les marchés et l’ensemble de l’économie de la zone euro qu’il ne devrait l’être en raison de faiblesses dans la conception du programme et en premier lieu, du fait du choix de mise en œuvre du QE via les canaux de création de crédit habituels du système bancaire, ce qui ne fonctionne pas. John Greenwood attend donc toujours une croissance de la zone euro modérée : il prévoit une croissance du PIB réel de 1,6% dans cette région en 2016.

L’économiste en chef d’Invesco s’attend à ce que le Brexit n’ait qu’un impact direct et réel minime sur l’économie américaine. Indirectement, cependant, un dollar plus fort pourrait devenir un sujet de préoccupation. Toutefois, comme l’économie américaine poursuit son mouvement de reprise, John Greenwood estime que la Réserve fédérale sera en mesure de reprendre sa politique de hausse des taux d’intérêt à un certain stade sur les 6 à 12 prochains mois. Compte tenu de l’instabilité financière créée par le Brexit et la phase finale de la campagne présidentielle américaine, il n’anticipe pas une telle mesure de la Fed avant décembre, à moins que l’économie ne redécolle sensiblement d’ici là. John Greenwood prévoit une croissance du PIB réel de 1,8% aux États-Unis en 2016.

John Greenwood attribue la faible performance économique à long terme du Japon, marquée par un taux de croissance du PIB de 0% en années glissantes au 1er trimestre 2016, aux faiblesses structurelles persistantes de ce pays telles que le vieillissement de la population, une population active en déclin, une vigueur du yen ainsi que des résultats décevants de trois ans d’Abenomics. Il prévoit une croissance du PIB réel de seulement 0,7% au Japon cette année et une nouvelle année de déflation à -0,2%.

Dans les économies émergentes, la faiblesse de la Chine, ainsi que la récession au Brésil et en Russie, ont un impact sur les marchés des matières premières.

Malgré la récente reprise modeste des prix du pétrole et du minerai de fer, de nombreuses industries de base ont des capacités excédentaires massives qui vont probablement peser sur les prix des matières premières. Alors que les producteurs de matières premières des marchés émergents sont susceptibles de subir une nouvelle dépréciation de leurs monnaies, l’industrie manufacturière de ces pays devrait commencer à bénéficier de la reprise soutenue aux États-Unis. Bien plus que les effets directs ou indirects du Brexit, John Greenwood pense que ce sont les effets du désendettement et de l’amélioration des bilans des banques qui vont être déterminants dans les perspectives de certaines des grandes économies émergentes après plusieurs années de croissance rapide du crédit. En particulier, il ne prévoit pas que la croissance de l’économie chinoise va décoller dans un proche avenir et anticipe un ralentissement du taux de croissance du PIB réel de la Chine à 6,6% en 2016.

John Greenwood - Invesco Ltd

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