Brexit : 1317 jours après le référendum, et maintenant ?

Asset Management - Cette semaine, le Royaume-Uni s'apprête à entrer dans la dernière phase du Brexit. La transition nécessaire aux négociations devrait durer jusqu'à fin 2020. Quelles conséquences sur la croissance et l'économie britannique ?

Le Brexit n’a pas encore commencé et pourtant que de changements depuis ce référendum de juin 2016. Tout d’abord la livre sterling : à plus de 1,50$ avant le résultat du référendum, elle s’était effondrée à 1,32$ dans les heures suivant le référendum soit 12 % de variation en moins d’une journée, ce qui est colossal. La chute s’était même poursuivie jusqu’en octobre 2016 pour toucher un point bas à la suite d’un « flash krach » à 1.18$ soit 21 % de baisse en moins de 4 mois. La livre a depuis rattrapé la moitié de sa baisse en attendant la décision de la banque d’Angleterre (BoE) cette semaine.

Brexit et croissance britannique

Le marché n’anticipe pas de baisse de taux mais le gouverneur de la BoE et plusieurs membres du Comité de politique monétaire ont récemment assoupli leurs déclarations, indiquant qu’il était nécessaire que le débat s’intensifie au sujet de nouvelles mesures de stimulation pour permettre à l’économie britannique de se redresser plus rapidement. Car la croissance britannique a ralenti, sous les effets cumulés du ralentissement de l’économie mondiale et du manque total de visibilité politique. Visibilité qui s’est un peu améliorée depuis quelques mois après que le hard Brexit a été évité fin octobre 2019.

Les derniers chiffres britanniques indiquent la plus faible croissance annualisée depuis 2012 à 1,1 % et un rapport début janvier de la Chambre Britannique de Commerce (BCC) fait état d’un prolongement de la faiblesse de l’économie au dernier trimestre 2019. Ce rapport indique que le 4e trimestre se caractérise par une faiblesse globale du secteur des services qui représente 80 % de l’économie britannique, par un manque de dynamisme des dépenses des ménages et des pressions paralysantes sur les coûts. L’étude de la Chambre de Commerce couvre 6 400 entreprises. Depuis 2011, les anticipations d’investissements dans le secteur manufacturier sont au plus bas.

Rebond du PMI manufacturier

Les derniers indicateurs de sentiment au Royaume-Uni se sont un peu redressés en janvier, mais la contraction se poursuit dans le secteur manufacturier en janvier. L’indice PMI manufacturier est ressorti sous 50 — qui délimite zone d’expansion et de contraction — pour le 9e mois consécutif. En ce qui concerne les services, l’indice PMI s’est redressé à 52,9 soit son meilleur niveau depuis plusieurs trimestres. Mais cette tendance devra encore être confirmée dans les mois qui viennent, le sentiment s’étant contracté à plusieurs reprises au cours du second semestre 2019.

Le taux 10 ans britannique est passé de 1,40 % en juin 2016 à 0,50 % actuellement. Mais impossible de l’imputer au Brexit, dans la mesure où l’ensemble des taux des principales économies avancées de la planète se sont affaissés sous l’impact des mesures d’assouplissement des principales banques centrales. L’inflation a ralenti à 1,3 % en décembre, très loin des 3 % touchés en 2017, quelques mois après l’effondrement de la livre sterling. Entre le ralentissement économique et l’évolution des prix, la BoE dispose donc d’arguments si elle souhaite assouplir sa politique monétaire. Son taux principal est encore à 0,75 % et n’a pas bougé depuis 2018. Pour mémoire, il avait été relevé entre 2017 et 2018 de 0,25 % à 0,75 %.

Tic, tac…

Le calendrier va être chargé pour le Royaume-Uni et l’Union Européenne dans les mois qui viennent, pour parvenir à un accord commercial pendant la période de transition qui s’achève en décembre. Pour beaucoup d’observateurs et même pour des officiels européens, il sera impossible de parvenir à un accord complet dans un délai aussi restreint. Pas pour Boris Johnson qui indique que « après avoir attendu plus de trois ans pour réaliser le Brexit, les citoyens britanniques comme européens s’attendent à juste titre à ce que les négociations sur un ambitieux accord de libre-échange s’achèvent dans les temps ». Une nouvelle partie commence en février.

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

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