Le Brésil se transforme-t-il en un marché émergent fragile ?

Asset Management - Les événements brésiliens vont dans la continuité des effondrements économiques et financiers en Argentine et en Turquie.

Dans les deux cas, les gouverneurs de la Banque centrale ont réagi en augmentant fortement les taux. Néanmoins, l’Argentine profite à présent d’une accalmie . La transaction annoncée avec le FMI est une nouvelle positive. Cette transaction est d’ailleurs meilleure que ce qui était prévu par le marché : 50 Md$ sur 36 mois soumis à une discipline fiscale stricte (déficit primaire de 1,3% en 2019 contre 2,7% en 2018, contrainte difficile pour le président Macri mais réalisable) et inflation à 17% en 2019 (marché prévoyant 19%).

Néanmoins, le Brésil n’est ni l’Argentine ni la Turquie. Le Brésil présente un déficit de compte courant à 0. Il dispose de réserves de change qui s’élèvent à 380 Md$. En outre, le Brésil profite d’importants flux d’IDE. La tourmente dans laquelle le pays se trouve n’est probablement pas terminée néanmoins nous pouvons prendre en compte que : L’emprunt Itau (l’une des 2 banques privées les plus conservatrices) coupon perpétuel de 6,5% USD se négocie désormais à 95 (rapportant plus de 7,5% en $).

Le facteur commun entre le Brésil et l’Argentine : la non-durabilité de la politique fiscale

Après des années d’excès apparents au sein de la politique économique qui ont mené a à un endettement public de 22% du PIB de 2010 à 2017 et malgré les récents progrès, l’agenda de la réforme n’est pas complet. La durabilité de la politique fiscale semble être en péril, du moins jusqu’à l’approbation de la réforme de la retraite l’année prochaine. Nous estimons que la devise sera faible malgré la solidité des comptes extérieurs, et l’inclinaison de la courbe des taux d’intérêts locaux révèlent le manque de confiance du marché la politique économique du pays.

Désormais nous avons peu d’espoir qu’il y ait un changement significatif des comptes fiscaux d’ici les élections. Seule une proposition majeure changerait la donne mais cela exigera de faire face à la faible popularité du gouvernement et des élections législatives, réduisant les chances d’obtenir une approbation. En n’adoptant pas la réforme sur la retraite l’année prochaine, les risques d’une crise financière augmenteront selon nous et le marché semble anticiper ce scénario.

Brésil : une amélioration structurelle

Le Real brésilien approchant la barrière psychologique de 4,0/USD, nous voici revenu une nouvelle fois à l’ère de la pré destitution de Dilma Rousseff, avec une inflation à deux chiffres, un taux d’intérêt deux fois plus élevé que d’habitude et un déficit du compte courant de 2% du PIB bien plus important qu’aujourd’hui. Sur le plan budgétaire, le déficit nominal est d’environ de 2% supérieur tandis que le déficit primaire s’améliore légèrement. À l’inverse, le ratio de la dette par rapport au PIB s’est considérablement dégradé depuis (environ 9% du PIB).