Marchés financiers : solidarités

Asset Management - Particuliers, entreprises, autorités gouvernementales... Face à la crise sanitaire liée au coronavirus, la solidarité semble être devenue la règle d'or. Un principe plus ou moins bien appliqué. Quelles sont les fractures politiques et économiques qui apparaissent ? Quelle nouvelle place pour le secteur bancaire ? Les explications d'Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion chez DNCA.

Ce mot assez éloigné de la sphère financière a pris tout son sens à l’apparition de la crise sanitaire que le monde affronte : solidarité des autorités monétaires au chevet des économies, actions plus ou moins simultanées des gouvernements en faveur des individus et entreprises.

Fractures en Europe

En Europe, si la Banque centrale européenne (BCE) a activé quasiment tous ses mécanismes de sauvetage, il n’en demeure pas moins la résurgence de la fameuse fracture Nord-Sud et plus particulièrement le débat entre la puissante et riche Allemagne et la fragile mais industrieuse Italie. Les pays les plus faibles sont pour l’instant les plus touchés comme lors de la crise de la zone euro.

Même si le discours est en train de changer Outre Rhin, Ursula von der Leyen doit encore travailler pour arriver à un résultat et des solutions concrètes lors du prochain Eurogroup (7 avril). Il ne sera pas possible à l’Italie de se sortir seule de la crise économique qui suivra — la baisse du PIB italien est estimée à 6 %. Les parties les plus extrêmes recommencent à « torpiller » l’Europe parfois au profit de puissances, comme la Chine ou la Russie qui s’engouffrent dans la brèche offerte par la désorganisation européenne.

La banque et la Nation

Solidarité, il en a aussi été question lors de l’annonce successive des annulations ou des suspensions de dividendes par les banques. Si cette décision est sage pour renforcer leurs fonds propres et assurer la continuité du financement des économies, elle a néanmoins été le fruit de pressions du régulateur et des États. Le secteur bancaire, malgré des assouplissements réglementaires et son rôle central dans la résolution de la crise — car il n’est en rien responsable comme en 2008 de la crise — s’est donc « nationalisé » de fait ce qui n’a guère plu aux marchés.

Ces derniers semblent accréditer la thèse d’une sortie de crise prochaine ou tout au moins d’un déconfinement progressif. Les mauvais chiffres de l’emploi américain ont d’ailleurs été plutôt bien digérés. Le retour à la normale économique semble pourtant bien loin. Des règles de distanciation sociale et des normes sanitaires strictes vont ralentir les flux de marchandises et la circulation des personnes. Il est donc prudent de ne pas considérer que toutes les baisses des bourses sont derrière nous à ce stade : cette crise sera profonde et de nature nouvelle. 

Comme le faisait remarquer le sociologue presque centenaire Edgar Morin, « profondément, cette crise est anthropologique : elle nous révèle la face infirme et vulnérable de la formidable puissance humaine, elle nous révèle que l’unification techno-économique du globe a créé en même temps qu’une interdépendance généralisée, une communauté de destins sans solidarité. »

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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