Bourse : chocs, contrechocs et pare-chocs

Asset Management - Mises en quarantaine, économie à l'arrêt, panique sur les marchés... Le coronavirus pourrait provoquer une récession en 2020. Le contrechoc pétrolier va-t-il soulager les économies en difficulté ? Les mesures prises par les Etats et les banques centrales suffiront-elles à redresser la situation ? Igor de Maack, Gérant et porte-parole de la gestion chez DNCA, partage son analyse.

Les bourses mondiales ont vécu leur pire journée et période de l’histoire récente entraînant une véritable psychose mondiale. Tiraillés entre la mise en quarantaine totale des économies et l’essor d’une épidémie hors de contrôle, les investisseurs vendent à tout prix tous les actifs en leur possession.

Les décisions de confinement provoquent un coup de frein de l’activité, un assèchement du crédit et une rupture brutale dans la chaîne de production. La consommation souffre évidemment. La récession globale — tant redoutée en 2019 — se profile donc pour le premier trimestre voire le premier semestre 2020.

Contrechoc pétrolier sur les marchés

Simultanément, l’Arabie Saoudite, dans un geste inopiné mais salutaire pour les économies importatrices de matières énergétiques, ont fait chuter de plus de 25 % les cours du baril en décidant d’augmenter leur production jusqu’à 12 millions de barils jour. Ce contrechoc pétrolier aidera les économies en difficulté en leur apportant une bouffée d’oxygène sur leurs coûts de production.

Dans leur rôle de sismographes, les marchés anticipent actuellement donc l’impact du coronavirus sur l’économie réelle qui reste devant nous. Ce sera un impact macro-économique et micro-économique. Il est à ce stade trop tôt pour avoir une prévision fiable de la baisse des bénéfices par actions désormais anticipée sur l’exercice en cours.

Banques centrales et Etats sur le front

Les banques centrales sont, elles aussi, venues à la rescousse en proposant un « pare-choc » monétaire. Par divers outils — baisses des taux pour la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque d’Angleterre (BOE) et mesures de soutien du crédit et facilitation de la fourniture de liquidités pour la Banque centrale européenne (BCE) — les grands argentiers ont décidé de mettre le malade économique sous assistance respiratoire.

Les gouvernements (Italie, Grande-Bretagne, France) ont annoncé qu’ils relanceraient leur économie et soutiendraient les secteurs en proie aux difficultés : retail, PME, secteurs du tourisme, etc). Pour l’instant, chaque pays se drape dans des mesures d’hyper précaution sanitaire. C’est compréhensible bien que la population mondiale infectée et la létalité, s’avèrent très faibles par rapport à d’autres virus, maladies ou impacts de la vie moderne sur les êtres humains : pollution, accidents de la route.

Pas de fin du monde à l’horizon

Sans verser dans l’optimisme, il faut garder à l’esprit que la fin du monde n’est peut-être pas pour tout de suite. La connaissance assez faible de la propagation et des mutations du virus renforce la panique, mais souvenons-nous que l’humanité vit avec la grippe depuis plus d’un siècle sans véritable défense immunitaire ou vaccin totalement fiables.

L’économie mondiale va repartir dès que le nombre de cas d’infections et de décès ralentira. Il ne faut cependant pas négliger les dommages et nouveaux comportements sociétaux à terme que cette crise sanitaire mondiale est susceptible d’engendrer.

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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