Billet du Docteur Leber – janvier 2021 : entre optimisme boursier et réalité économique

Asset Management - L'année 2021 sera celle de la relance économique. Faut-il s'inquiéter de l'accumulation de la dette publique ? Quels risques d'inflation guettent les marchés financiers ? Voici le billet mensuel du docteur Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion indépendante allemande.

Dans notre dernier rapport d’investissement, nous expliquions nous attendre à un changement positif de l’humeur générale ambiante au cours du premier semestre 2021 — ce qui entraînerait dans un premier temps une hausse des cours boursiers.

Recul du risque politique

Parmi les facteurs d’influence se trouvent la stabilisation politique générée par l’arrivée du nouveau président Biden, la mise en œuvre d’un Brexit réglementé, le succès de l’endiguement de l’épidémie de coronavirus et des taux d’intérêt toujours aussi favorables. En Allemagne, nous attendons un gouvernement « noir-vert » (conservateur/écologiste) à l’automne ; ce qui devrait également soutenir les marchés boursiers.

L’écart de rendement entre les actions et les obligations est encore trop élevé. Comme les taux d’intérêt n’augmenteront pas, l’argent afflue sur les marchés d’actions, ce qui fait progresser les cours et baisser la future rentabilité. Mais nous nous attendons également à ce que, au cours du second semestre, la réalité économique se précise sous la forme de sociétés et d’États zombies, associés à une inflation croissante.

Quelle inflation en 2021 ?

Un retard de consommation s’est accumulé dans les ménages. Dans le même temps, les capacités d’offre ont été réduites. La vitesse de circulation de la monnaie est tombée à un niveau extrêmement bas ; la dernière fois que la vitesse de la masse monétaire de l’agrégat M1 a été aussi faible qu’aujourd’hui remonte à 1960.

Si la demande accumulée devait rencontrer une offre réduite, la vitesse de circulation devrait augmenter, entraînant une hausse de l’inflation. Nous observons déjà une légère hausse des prix. L’inflation est également pour les politiciens un moyen aisé de se débarrasser de la dette, au détriment de la jeune génération qui épargne.  

Des entreprises zombies

Nous pouvons faire la fête avec de l’argent emprunté. C’est ce que nous avons vécu ces dernières années. Mais comme le rappelle l’école de Chicago : « There is no such thing as a free lunch ». Un rapport trop léger avec l’argent a son prix. Nous supposons que certaines factures arrivant à échéance au cours du second semestre de l’année ne pourront pas être payées.

Pendant la crise du coronavirus, certaines entreprises qui étaient déjà menacées et endettées ont contracté des emprunts supplémentaires. Certaines d’entre elles ne pourront pas en assurer le service et les défauts de paiement devraient augmenter.  

Le cas des États zombies

La stratégie de ces dix dernières années a consisté à inonder d’argent bon marché chaque problème économique au lieu de comprendre les causes des problèmes et de les résoudre directement. La bonne démarche n’est pourtant pas inconnue : utilisation responsable des fonds publics, investissements raisonnables et utilisation parcimonieuse des ressources.

Le taux d’intérêt est le prix le plus important de l’économie. Or, depuis quelques années il est abaissé — de manière violente et coordonnée — par les banques centrales. L’argent bon marché incite à contracter des emprunts, c’est-à-dire à hypothéquer l’avenir. L’argent bon marché incite les gens à laisser de côté la pertinence des dépenses. Les États empruntent, soumettant ainsi leurs économies nationales à une pression excessive.

L’investissement et la dette

En même temps, l’État fait l’impasse sur d’importants investissements — par exemple dans les infrastructures électriques, les infrastructures de transport, les équipements informatiques des établissements publics, les réseaux de téléphonie mobile, le financement des startups.

Au lieu de cela, les systèmes sociaux sont subventionnés par le budget de l’État pour faire plaisir aux électeurs. En Italie, les politiciens de l’opposition réclament déjà une réduction de la dette. Les dettes sont un fardeau pour les jeunes générations, elles affaiblissent la capacité d’action de l’État et elles font prendre du retard à l’Europe, en particulier au niveau de la concurrence avec la Chine.

Hendrik Leber - ACATIS Investment

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