Banques centrales : la stratégie du « quoi qu’il en coûte »

Asset Management - Face aux attentes élevées des marchés, les banques centrales tiennent des discours accommodants qui rassurent les investisseurs. Cette politique déplaît à Donald Trump, dont les tweets et prises de position géopolitiques perturbent les marchés financiers. Dans ce contexte, quelles perspectives se dessinent pour cet été ? César Pérez Ruiz, Directeur des investissements & CIO de Pictet Wealth Management, partage son analyse.

Mario Draghi a provoqué quelques remous lors de la conférence annuelle de la Banque centrale européenne, qui s’est tenue à Sintra la semaine dernière. Le président de l’institution a prononcé un discours très accommodant, avec lequel il a contenté les attentes élevées des marchés, mais s’est attiré du même coup un tweet réprobateur de Donald Trump. Mario Draghi est allé aussi loin qu’il le pouvait sans prendre de véritable engagement, déclarant que la banque centrale se tenait prête, durant son mandat, à agir et à utiliser toute la palette d’instruments à disposition ainsi que toute la flexibilité autorisée.

Nous nous attendons désormais à un ajustement du pilotage des anticipations en juillet, avec une annonce que les taux directeurs seront maintenus aux niveaux actuels, voire à un niveau plus bas, jusqu’au premier semestre 2020 au moins. Nous tablons en outre sur un abaissement du taux de dépôt de 10 points de base, à -0,5 %, en septembre. En conséquence, nous adoptons un positionnement plus positif à l’égard du crédit européen.

Discours accommodant de la Fed

Au cours de la même semaine, l’homologue américain de Mario Draghi, Jerome Powell, a lui aussi tenu des propos accommodants et clairement ouvert la porte à une baisse de taux imminente, évoquant le climat politique en général, et les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis en particulier. La Réserve fédérale américaine a désormais tout fait hors un abaissement des taux, ce qui devrait arriver fin juillet. 

Reste à savoir si cette mesure suffira à calmer Donald Trump au moment où celui-ci lance sa campagne de réélection. Rien ne paraît moins sûr, sachant que le président américain multiplie les attaques directes à l’encontre de Jerome Powell, dont il envisage maintenant le limogeage. Dans ce contexte, le dollar a fléchi, tandis que l’or a bondi à son niveau le plus haut depuis six ans.

Etats-Unis, Chine et Iran

Tous les marchés autour des Etats-Unis continuent de réagir aux dernières saillies géopolitiques de Donald Trump ou cherchent à anticiper les suivantes. En haut de l’affiche se trouve le sommet du G20 à Osaka cette semaine, en marge duquel les présidents chinois et américain devraient se rencontrer et poursuivre les négociations commerciales entre leurs deux pays.

Au vu de l’évolution du discours de part et d’autre, seule une chose paraît acquise : le résultat des discussions pourra se situer à n’importe quel point du spectre, entre une issue négative aux conséquences radicales et une issue plus positive qui serait favorable au commerce et à l’économie mondiale. Dès lors, nous adoptons un positionnement positif à l’égard des actifs chinois, appelés à profiter d’importantes mesures de relance de la part des autorités, quelle que soit l’évolution de la situation sur le front des échanges commerciaux.

Perspective plus préoccupante, les cours de l’énergie et de l’or devraient rester orientés à la hausse si Donald Trump continue de jouer avec le feu face à l’Iran.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

Voir tous les articles de César