Banques centrales : investir aujourd’hui, payer demain

Asset Management - Cette semaine, les banques centrales surveillent de près la hausse des taux obligataires. Faut-il craindre la baisse des valorisations ? Quels sont les actifs qui tirent leur épingle du jeu ? Le point avec César Perez Ruiz, responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

Tous les regards étaient rivés sur les banques centrales la semaine dernière, suite à la hausse généralisée des taux obligataires. La banque centrale australienne a été la première à augmenter ses achats d’actifs. La Banque du Japon a renforcé sa rhétorique conciliante et la Banque centrale européenne devrait en faire de même cette semaine.

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, a confirmé que l’institution jouerait la carte de la patience en cas de hausse des taux de marché. Cette déclaration a poussé les taux des obligations américaines à la hausse et a provoqué une correction temporaire des marchés actions — même si le S&P 500 a terminé la semaine en hausse.

Les contraintes de la croissance

Aux États-Unis, la croissance de l’activité manufacturière et un taux de rotation des stocks qui s’est replié à son plus bas niveau depuis trois ans sont les preuves d’une forte demande industrielle et des contraintes pesant sur les capacités de production.

Les chiffres de l’emploi américain se sont révélés nettement meilleurs que prévu. Le Sénat a adopté le plan de relance de 1 900 milliards de dollars de Joe Biden, ce qui donnera un élan supplémentaire à l’économie américaine. 

Notre recommandation stratégique à l’attention des investisseurs obligataires pour 2021 est de « rester au centre » et d’éviter de s’approcher des taux souverains, car nous les voyons évoluer à la hausse. Nous continuons à sous-pondérer les obligations des pays de référence.

Pétrole, retour de tension

Les pays membres de l’OPEP+ ont pris les marchés de court en décidant de ne pas augmenter leur production de pétrole. L’Arabie saoudite, qui avait accepté de produire un million de barils en moins par jour, refuse désormais de faire marche arrière.

Cela met en lumière le regain de tensions politiques avec les États-Unis, et devrait conditionner l’évolution des cours du pétrole. Un tel développement pourrait alimenter les attentes d’inflation si cela venait à se traduire par des contraintes sur l’offre. Nous sommes positifs sur le potentiel des matières premières.

Dynamiser l’économie

Dans son dernier budget, le ministre des Finances (Chancelier de l’Échiquier) du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a dévoilé un plan de relance immédiat de 65 milliards de livres sterling. Le plan est destiné à redynamiser l’économie et sera financé ultérieurement par des hausses d’impôt. Ce faisant, il deviendra le premier Chancelier à augmenter l’impôt sur les entreprises depuis près de 40 ans.

Il se pourrait que le Royaume-Uni ait montré un chemin vers la reprise que les États-Unis pourraient suivre : augmenter les dépenses budgétaires et les investissements « verts » maintenant, puis augmenter les impôts par la suite. Du côté des marchés, la faillite du spécialiste de l’affacturage Greensill Capital a rappelé l’importance de s’assurer à la fois de la réalité des liquidités qui sous-tendent les titres adossés à des actifs et d’éviter les entreprises hautement endettées. 

Hausse des taux et volatilité

Nous pensons que la volatilité restera importante dans les marchés d’actions, même si la forte croissance des bénéfices devrait compenser la baisse des valorisations engendrée par la hausse des taux de marché. La hausse des taux pénalisera les actifs à duration longue comme les obligations à long terme et les valeurs de croissance. En revanche, elle profitera aux entreprises affichant un niveau élevé de cash-flow libres.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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