Les articles se succèdent pour décrire la situation très dégradée du secteur du transport aérien. Prenons l’exemple d’Air France-KLM. Nous comprenons que la France ait besoin d’une grande compagnie aérienne pour faciliter les échanges économiques, pour alimenter un des premiers contributeurs au PIB, à savoir le tourisme et pour assurer son rayonnement culturel. Nous ne remettons pas en cause l’implication des salariés du groupe, qui sont pour l’essentiel très dévoués à leur compagnie et qui globalement assurent une bonne qualité de service aux clients.
Qu’est ce qui ne va pas chez Air France-KLM ?
Le secteur est compliqué. Il est d’abord très sensible à la conjoncture mondiale et à des chocs exogènes (11 Septembre, SRAS-CoV de 2003, le SRAS-COVID-19). Il est aussi très dépendant du prix du baril de pétrole — le coût du kérosène représente en moyenne 30 % des coûts totaux — et du niveau des devises. La réglementation y est lourde.
Les compagnies low-cost sont redoutables d’efficacité et ce modèle est maintenant éprouvé. Plus spécifiquement pour Air France-KLM, certains syndicats y sont très puissants et ont parfois distendu les liens du dialogue social. Que nous disent les statistiques financières sur Air France-KLM ? Les marchés ont-ils été efficients jusqu’ici ?
- Son bêta est de 1,53 dans une régression linéaire contre le CAC 40 depuis sa cotation. A titre de comparaison, un titre comme Peugeot ressort lui à 1,30 sur la même période ;
- D’un point de vue économique, la destruction de valeur — soit les profits rapportés aux capitaux mobilisés pour les réaliser moins le coût de ces capitaux — a été de 26 Mds€ depuis 2000. La capitalisation boursière est aujourd’hui légèrement supérieure à 2 Mds€ ;
- La performance boursière d’Air France — devenue Air France-KLM en 2004 — depuis sa cotation le 22 février 2002 est de – 71 % en tenant compte de toutes les opérations sur titre. Et si nous prenons en compte le dividende qui a été versé de 2000 à 2011, la performance totale est de – 68 %. Le CAC 40 a lui réalisé sur la même période respectivement + 6 % et + 71 %.
Ce qu’il faut retenir
Air France-KLM évolue donc dans un secteur archi-concurrentiel, a globalement eu des difficultés à maintenir une cohésion sociale et un rapport gagnant/gagnant entre les dirigeants et les salariés. Pour les actionnaires, il s’agit de l’un des titres les plus risqués de la cote parisienne — si nous prenons en compte le bêta pour approximer le risque du titre. La compagnie a détruit énormément de valeur rapportée à sa capitalisation boursière. Le titre a au final eu une des plus mauvaises performances boursières sur les 18 dernières années.