Actions et taux : bilan mensuel des marchés

Asset Management - Les actifs à risque ont vécu un mois de mai particulièrement agité, dominé en fin de période par les risques politiques en Italie et les nouvelles craintes de guerre commerciale.

Si Wall Street affiche un bilan mensuel positif, la plupart des indices actions européens ont marqué le pas en raison de l’incertitude politique en Italie. La dette italienne a été malmenée, entraînant l’Espagne dans son sillage. Les emprunts d’État considérés comme refuges, États-Unis, Allemagne et France, ont été recherchés. Sur le marché des changes, l’euro contaminé par les doutes sur l’avenir de sa zone, a poursuivi son repli face au dollar.

Performances des marchés actions

Après avoir résisté au cours des trois premières semaines du mois à deux principaux facteurs de risque : la lenteur des négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine et le retrait de Washington de l’accord sur le programme nucléaire iranien, les indices actions européens sont brutalement repartis à la baisse. Plusieurs éléments ont réveillé l’aversion pour le risque : les doutes sur la volonté de Donald Trump d’éviter une guerre commerciale avec la Chine, l’annulation du sommet prévu à Singapour entre les dirigeants américain et nord-coréen et l’inquiétude sur la situation politique italienne.

En toute fin de mois, les investisseurs européens ont été rassurés par la perspective de la formation d’un gouvernement entre les deux partis anti-système, le M5S et la Ligue qui éloigne le risque de nouvelles élections législatives à l’issue incertaine. En revanche, ils ont sanctionné l’instauration par les États-Unis de tarifs douaniers sur l’acier en provenance de l’Union européenne, du Mexique et du Canada.

L’Europe dans le rouge

Au final, les principaux indices européens affichent un bilan mensuel dans le rouge. Le CAC 40 a cédé du terrain en raison notamment de son exposition au secteur bancaire tandis que le Dax allemand, moins exposé aux valeurs financières, est proche de l’équilibre. Affectée par le risque politique, la Bourse italienne a accusé le plus net repli mensuel de la zone euro, emportant dans son sillage la Grèce et l’Espagne. Dans ce contexte, l’euro a abandonné plus de 3% face au dollar en un mois.

Wall Street également a connu un parcours heurté en raison des tensions, commerciales et politiques. Le S&P 500, le Dow Jones et le Nasdaq, enregistrent toutefois un bilan nettement positif, soutenus par la bonne tenue des valeurs pétrolières dans le sillage des cours du brut, et par l’appétit continu des investisseurs pour les valeurs technologiques.

Mois de mai difficile pour la Bourse japonaise pénalisée par l’appréciation du yen. Face au retour de l’aversion pour le risque sur les marchés, les investisseurs ont privilégié la devise nippone. Les places asiatiques ont pour leur part souffert avec la montée des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, tandis que les places d’Amérique Latine ont sévèrement corrigé en raison de fortes turbulences en Argentine qui a demandé l’assistance du FMI pour tenter d’éviter une nouvelle crise financière.

Marché obligataire, taux et spread

Sur le marché obligataire européen, l’actualité a été dominée par la crise politique italienne. Les difficultés de formation d’un gouvernement en Italie ont fait craindre que de nouvelles élections ne se transforment en un référendum pro/anti euro. L’aversion pour le risque qui en a résulté, a provoqué de fortes tensions sur les taux italiens qui se sont partiellement étendues au reste des taux périphériques.

Mardi 29 mai, le taux à dix ans italien a ainsi dépassé, pour la première fois depuis 4 ans, le seuil des 3%. Ce même jour, l’écart de rendement entre titres italiens et allemands (« spread ») à 10 ans a approché les 300 points de base. En toute fin de mois, la perspective de la formation d’un gouvernement à Rome a légèrement détendu la situation, le taux à 10 ans terminant autour de 2,75%.

Les « spreads » des emprunts espagnols se sont écartés dans le sillage des italiens, portant le taux 10 ans à 1,47% fin mai (+21 points de base en un mois), d’autant qu’en Espagne, un vote de confiance menaçait de faire tomber le gouvernement Rajoy. Profitant du mouvement de fuite vers la qualité, le rendement du Bund a décroché sous 0,4% (-22 points de base en un mois).

Sur le marché du crédit, le retour de l’aversion pour le risque s’est traduit par un écartement des « spreads ». Les obligations notées High yield ont particulièrement souffert ainsi que les dettes périphériques et les financières subordonnées.