Relance économique : France, deux ans pour se remettre du Covid-19 ?

Asset Management - Cette semaine, la Banque de France publie de nouvelles projections macroéconomiques. Malgré le déconfinement, la France devrait attendre mi-2022 avant de retrouver son niveau d'activité de fin 2019. D'ici là, comment va se dérouler la relance économique ? Le point avec Le Courrier Financier.

Relance économique : deux ans pour se remettre de la pandémie de coronavirus ?

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

La convalescence risque d’être longue. « Comme l’ensemble du monde, l’économie française a subi un choc d’une ampleur inédite au premier semestre 2020 », indique la Banque de France. Ce mardi 9 juin, la Banque centrale française a publié ses projections macroéconomiques jusqu’en 2022. Dans le scénario retenu, le Covid-19 continuerait de circuler dans les mois à venir. La France — affectée comme toutes les autres économies à travers le monde — s’adapterait progressivement. L’analyse de la Banque de France a été finalisée le 25 mai 2020. De nombreux aléas peuvent donc encore peser sur l’économie française, à la baisse comme à la hausse.

Sortie de crise prévue en 2022

Avec son activité ralentie — voire mise à l’arrêt dans certains secteurs — entre mi-mars et mi-mai, l’Hexagone devrait enregistrer une chute record d’environ 10 % de son PIB cette année. Le rebond du troisième trimestre 2020 — suite à la reprise d’activité après le déconfinement — ne suffira pas pour écarter cette récession inédite. Dans son troisième projet de loi de finances rectificative, présenté ce mercredi 10 juin en Conseil des ministres, le Gouvernement évalue de son recul à 11 % le recul du PIB français en 2020. Après ce passage à vide, « 2021 et 2022 seraient des années de redressement net mais progressif » estime la Banque de France.

La Banque de France prévoit ainsi une croissance de 7 % l’an prochain, puis une progression de 4 % du PIB en 2022. « Ce fort rebond apparent ne permettrait pas de retrouver le niveau d’activité de fin 2019 avant mi-2022 », estime l’institution. D’après elle, l’activité a rebondi au mois de mai et le mois de juin devrait confirmer cette tendance. Le dispositif massif de chômage partiel du gouvernement devait amortir l’impact de la crise sur l’emploi et le pouvoir d’achat cette année. Selon la Banque de France, le taux de chômage pourrait ainsi atteindre « un pic temporaire supérieur à 11,5 % mi-2021 » avant de redescendre à 9,7 % fin 2022.

Epargner ou consommer ?

Le confinement aura entravé la consommation des ménages. « L’arbitrage épargne-consommation sera essentiel pour le rythme de la reprise économique d’ici 2022 », estime la Banque de France. La montée du chômage et le contexte globale de forte incertitude économique devrait peser sur les comportements d’achat. Le taux d’épargne atteindrait ainsi 22,3 % en 2020, pendant que la consommation chuterait de 9,3 %. L’épargne « forcée » des ménages dépasserait de 100 milliards d’euros les projections d’avant-crise. Ce phénomène serait « l’une des contreparties comptables d’un déficit public en forte hausse », analyse l’institution.

Le risque d’une deuxième vague de contaminations — avec un nouveau confinement à la clé — et l’éventualité de la découverte d’un vaccin pourraient faire bouger les lignes. En s’appuyant sur les projections de l’Eurosystème pour la zone euro, la Banque de France estime « qu’à mi-2021, des avancées médicales permettraient de lever les mesures sanitaires ». Dans cette hypothèse, la reprise pourrait être plus rapide. Par ailleurs, la Banque de France n’a évidemment pas pris en compte les futures mesures de relance que le Gouvernement devrait annoncer d’ici l’été prochain, que ce soit dans son budget rectifié ou dans son plan de relance.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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