Crise sanitaire : les sélectionneurs de fonds face au ralentissement de l’économie mondiale

Asset Management - Cette semaine, Natixis Investment Managers publie une enquête sur le positionnement stratégique des sélectionneurs de fonds professionnels dans le cadre de la crise sanitaire liée au coronavirus.

Natixis Investment Managers (IM) — spécialiste mondial de la gestion d’actifs — publie ce lundi 6 avril une enquête sur la stratégie des sélectionneurs de fonds, face à la crise sanitaire. Le document s’intitule « Alpha, diversification, protection : les trois mots d’ordre des sélectionneurs professionnels de fonds dans une époque d’anxiété » (en anglais). La plupart avaient anticipé un grand retour de la volatilité ces dernières semaines, en intégrant un biais plus défensif dans leurs allocations.

L’enquête a été menée au quatrième trimestre 2019 auprès de plus de 400 sélectionneurs de fonds pour divers établissements tels que les banques privées, les compagnies d’assurances, les fonds de fonds et autres plateformes de distribution auprès des particuliers. La grande majorité d’entre eux prévoyaient déjà une plus grande volatilité sur le marché des actions (79 %) et des obligations (72 %).

Protéger les portefeuilles

Personne n’aurait pu prévoir les niveaux historiques de volatilité enregistrés sur les marchés à travers le monde depuis février 2020. Cependant, les acheteurs de fonds avaient déjà signalé qu’ils adopteraient une approche d’aversion au risque dans la sélection des fonds au cours de l’année 2020. Près de la moitié (44 %) projetaient déjà de réduire la voilure sur les actions américaines, tandis que 73 % ont déclaré être prêts à sous-performer leurs pairs en échange d’une meilleure protection à la baisse.

Préoccupations sur les niveaux de valorisation des actions, questions sur la viabilité d’un contexte durable de taux d’intérêt bas ou sur les effets persistants de l’incertitude géopolitique… Les sélectionneurs de fonds s’attendaient à ce que la reprise ne se poursuive pas en 2020. En conséquence, ils se tournent vers les gérants actifs pour les aider à se placer dans le contexte d’une plus grande dispersion sectorielle sur les marchés.

Les trois quarts des sélectionneurs de fonds (75 %) étant prêts à payer des frais plus élevés en cas de surperformance potentielle. Les sélectionneurs de fonds ont également évalué la popularité des investissements passifs comme étant source de risque systémique et de volatilité, les titres les plus performants recevant une pondération plus importante. Les sélectionneurs ont fait part de leurs inquiétudes quant au risque de pertes importantes en cas de ralentissement.

Le risque et le rendement

Malgré la volatilité accrue et les perturbations à court terme, les hypothèses de rendement à long terme des sélectionneurs de fonds restent assez stables, ayant déjà pris en compte les fluctuations des cycles du marché. La grande majorité des sélectionneurs (85 %) ont déclaré que les hypothèses de rendement de leur société étaient réalistes. Toutefois, de nombreux sélectionneurs avaient prévu un certain retour à la moyenne après une riche année 2019, avec 38 % de répondants en plus qui s’attendaient à des hypothèses de rendement plus basses que celles qui ont été relevées.

L’enquête révèle également que les préférences sectorielles des sélectionneurs reflètent déjà les attentes d’une faible croissance économique. Peu d’entre eux s’attendaient à ce que les secteurs procycliques des matériaux et de l’industrie surpassent les performances. Les sélectionneurs étaient plus optimistes quant aux secteurs à forte croissance séculaire, s’attendant à une surperformance dans les technologies de l’information (44 %), les soins de santé (42 %) et les services financiers (32 %).

Vent de succès pour l’ESG

Sur des marchés turbulents, les facteurs ESG sont également de plus en plus reconnus comme un facteur de risque important. Interrogés sur la raison principale de l’intégration des facteurs ESG dans leurs décisions d’investissement, 22 % des sélectionneurs de fonds ont déclaré qu’ils minimisaient le risque global, 21 % ont déclaré qu’ils généraient des rendements ajustés au risque élevé et 19 % ont déclaré qu’ils amélioraient la diversification.

L’enquête a révélé que 62% des sélectionneurs de fonds perçoivent une demande croissante de la part des clients pour mieux concilier leurs stratégies avec les valeurs des investisseurs. L’Europe a été la première à mettre en œuvre les principes ESG et continue de montrer la voie, avec des taux d’implémentation plus élevés et un actionnariat actif, dans le cadre duquel les sociétés d’investissement entament un dialogue avec les entreprises sur les questions ESG.

Diversifier avec le patrimoine privé

Bien que certains expriment certaines inquiétudes quant à l’utilisation d’investissements alternatifs, les sélectionneurs pensent généralement que les avantages dépassent les inconvénients, en particulier dans le cas des investissements privés. Près de la moitié (49 %) des répondants affirment que les actifs privés joueront un rôle plus important dans leur stratégie de portefeuille à l’avenir.  

Huit sélectionneurs sur dix (82 %) estiment que le contexte actuel des obligations à faible rendement va déclencher un mouvement vers des actifs alternatifs. Cette chasse au rendement explique probablement l’intérêt pour les actifs alternatifs liés aux revenus — tels que les infrastructures, l’immobilier et la dette privée. La moitié (49 %) déclarant que les actifs privés joueront un rôle plus important dans leur portefeuille. Après la volatilité des dernières semaines, les acheteurs auront trouvé une nouvelle appréciation pour les stratégies capables de produire des rendements non corrélés et offriront un plus grand potentiel de gestion des risques. 

Estelle Castres, co-directeur de la distribution, France, Belux, Genève, Monaco et Israël, Natixis Investment Managers, déclare : « Les sélectionneurs de fonds professionnels doivent désormais répondre au défi de la recherche de rendements tout en tenant compte du contexte de forte volatilité des marchés, des valorisations actuelles, et de critères à considérer tels que l’ESG. Alors que de nouveaux événements se profilent à l’horizon, notamment les élections présidentielles américaines, les sélectionneurs de fonds surveilleront les conditions de marché avec une vigilance accrue. »

La Rédaction - Le Courrier Financier

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