Pays les plus attractifs pour les investisseurs en infrastructures : la France loin du podium !

Asset Management - Entre les critères économiques (PIB, croissance, consommation des ménages, taille du marché), politiques (stabilité, inflation) ou encore financiers (imposition, taux de crédit, assurances), les indicateurs d'attractivité d'un pays sont nombreux et exigeants. Si nos voisins allemands et anglais progressent, la France fait les frais du manque de continuité politique. 

Les pays qui jouissent de conditions politiques stables, d’environnements économiques sûrs et d’un fort potentiel de croissance tels que Singapour, le Qatar et le Canada sont les marchés les plus attractifs pour les investisseurs en infrastructures.

Si les infrastructures sont par nature des investissements de long terme, le rapport Global Infrastructure Investment Index d’Arcadis montre également que les facteurs à plus court terme (tels que les dévaluations monétaires, les prix des matières premières et les problèmes de sécurité) peuvent être un frein aux investissements. Pour ces raisons, des pays comme les Etats-Unis, l’Angleterre et l’Allemagne sont bien positionnés pour attirer potentiellement plus de capitaux de la part du secteur privé, contribuant au financement et au développement de nouvelles infrastructures nécessaires au dynamisme de ces pays.

L’Europe : stable, mais face à des enjeux de croissance économique

Les pays européens restent parmi les marchés les plus stables, matures et attractifs pour les investisseurs, avec 8 pays qui se classent dans le top 20. Le flux régulier et élevé de projets et les années d’expérience de partenariats public-privé favorisent la confiance des investisseurs dans ces marchés, particulièrement en France, dans les pays Nordiques, les Pays-Bas et l’Allemagne. L’Angleterre est l’un des marchés les plus attractifs, passant de la 13ème place en 2012 à la 9ème place en 2016.

Toutefois, certains challenges économiques ont affecté la région et particulièrement les pays d’Europe continentale, limitant la croissance et incitant l’Union Européenne à lancer un vaste programme pour mobiliser l’investissement dans les infrastructures, plus connu sous le nom de « Plan Juncker ». Ce plan de 315 milliards d’euros vise à créer une base de données européenne de projets et une plateforme ouverte pour les partenariats public-privés (PPP) à travers l’Europe. En accroissant à la fois les opportunités et la transparence sur les investissements privés, le programme permet de lutter contre le financement occulte des infrastructures. Les investisseurs sont incités à investir sur ces marchés, mais le manque de projets rentables limite les opportunités.

La France pénalisée par un manque de continuité politique

La France se classe en 19ème position et recule de deux places par rapport au classement de 2012. Les investissements en infrastructures ont été pénalisés par le manque de continuité politique, et la dépendance vis-à-vis des grands projets qui bénéficient de la participation de l’Etat au cours des 5 dernières années n’a pas aidé la confiance à long terme.

« Comme dans les autres pays européens, l’objectif de réduction des déficits fixé par l’Europe a conduit les gouvernements français successifs à s’orienter vers une maitrise de la dépense publique qui s’est entre autres traduit par une réduction des investissements et en particulier dans le domaine des infrastructures. Par ailleurs, à l’échelon régional, l’augmentation des charges liée à une croissance réduite, sans réelle réduction des budgets de fonctionnement a également eu pour conséquence un fort ralentissement des investissements locaux », précise Philippe Autuori, Directeur de la division opérationnelle Infrastructure – Europe du Sud chez Arcadis. « L’activité de l’infrastructure se concentre aujourd’hui essentiellement en région parisienne, autour de grands projets (Grand Paris) au détriment des marchés locaux ou de proximité »

« Les infrastructures représentent un actif de plus en plus apprécié des investisseurs du secteur privé, particulièrement en périodes de risque et d’incertitude élevés. Les flux de revenus sont plus stables et s’étalent généralement sur 30 ans minimum. Pour eux, les événements impactant à court terme, comme les changements de gouvernement ou les dévaluations monétaires, peuvent également créer des opportunités d’investissement qui peuvent être mis en balance avec la situation à long terme », ajoute Matthew Cutts, Global Sector Leader d’Arcadis.

Singapour reste en pole position

Singapour maintient sa position de marché le plus attractif dans le monde, avec des notes systématiquement supérieures sur les indicateurs business, risque, infrastructure et finance. De plus, malgré un score légèrement plus bas pour les facteurs économiques, le pays conserve un environnement économique fort. Alors que la plupart des projets sont traditionnellement financés par l’argent public, Singapour cherche à développer des partenariats avec des investisseurs institutionnels privés.

En Asie, la Malaisie et le Japon progressent dans le classement et se hissent respectivement à la 5ème et la 12ème place. La Chine se positionne bien, mais elle reste en milieu de classement à la 17ème place, en raison de ses conditions business moins attractives et de son environnement plus risqué.

Les Etats-Unis offrent de très belles opportunités

Les Etats-Unis sont passés de la 11ème place du classement en 2012 à la 8ème place en 2016, faisant l’objet d’une plus grande attention de la part des investisseurs. Cette progression est due à la position économique solide du pays, à son environnement moins risqué et à son secteur financier fort. Dans le seul secteur du transport, il y a une très forte marge de progression, car les Etats sont incités à attirer les investissements privés et de nouveaux modèles ont été développés pour satisfaire les ambitions des investisseurs.

Le Moyen-Orient s’ouvre aux capitaux privés

Comme en Europe, les opportunités ont été limitées dans les pays du Moyen-Orient, malgré leur classement élevé en termes d’attractivité des investissements. Toutefois, la chute des revenus à l’export impacte les dépenses futures. Le Qatar et les Emirats Arabes Unis financent traditionnellement leurs infrastructures au travers du secteur public, mais des changements législatifs récents à Dubaï montrent que les Emirats Arabes Unis s’ouvrent aux financements privés. Le Qatar est bien classé pour son PIB, son environnement business et son secteur financier, et le pays dispose de solides perspectives pour les investissements d’infrastructures. L’Arabie Saoudite a perdu trois places et se classe 15ème en raison du déclin relatif de la taille et du dynamisme de son marché, et de l’impact de son score relativement faible pour les infrastructures.

 Les risques à court terme freinent les projets de financement

Le rapport 2016 analyse également l’impact des mesures de court terme sur les projets de financement, telles que les dévaluations monétaires, les prix des matières premières et l’insécurité. Le rapport montre que quatre pays du top 10 (Emirats Arabes Unis, Canada, Malaisie et Norvège) présentent un risque à court terme plus élevé, ce qui tend à indiquer que les opportunités d’investissement les plus intéressantes concernent les opérations et la maintenance, plutôt que la construction des infrastructures.

 

La Rédaction - Le Courrier Financier

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