Portzamparc PME : malgré la crise sanitaire, « il y a matière à investir »

Asset Management - La crise du Covid-19 a bouleversé l'économie en 2020. Quels sont les secteurs porteurs sur le segment des Small & Midcaps françaises ? Le 14 octobre dernier, le gérant du fonds Portzamparc PME répondait à la question en exposant ses convictions. Le point avec Le Courrier Financier.

L’année 2020 aura bénéficié au segment des Small & Midcaps françaises. D’après une récente étude Portzamparc Gestion, ce segment de la cote fait preuve d’une grande résilience. Il tire parti du rebond qui suit la crise sanitaire du printemps 2020. Fin septembre, le fonds Portzamparc PME affichait ainsi une performance à – 5,72 % depuis le début de l’année — sept points de plus que son indice de référence, le CAC Small. « Cette avance a été fondée quasi exclusivement sur les derniers trimestres, puisque sur le T3 la performance est de + 10,6 % contre un indice à + 3,8 % », souligne Justin Icart, gérant du fonds, lors d’une conférence de gestion ce 14 octobre.

Prime aux valeurs refuge

Créé en 1999, Portzamparc PME — éligible au PEA-PME — suit « une gestion de conviction ». Sa philosophie d’investissement « bottom up » se fonde sur l’analyse des fondamentaux des sociétés en portefeuille, et de leur valorisation. Fin septembre, « nous avions 54 valeurs dans le portefeuille — avec les dix premières valeurs cumulées qui pèsent un peu moins de 40 % du fonds. Et parmi elles, vous avez 22 % de sociétés européennes », précise Justin Icart. « La moitié du portefeuille est sur des capitalisations inférieures à 500 millions d’euros », ajoute-il. Par ailleurs, la capitalisation médiane du fonds atteint 400 millions d’euros. « Il y a matière à investir ! »

En termes de transactions, « nous avons traité un peu plus de 20 % du fonds, ce qui un rythme un peu plus élevé que la normale », relève le gérant. Le portefeuille de Portzamparc PME « s’adapte à la conjoncture économique du moment, cela va sans dire ». En 2020, le fonds s’est ainsi détourné des secteurs qui souffrent de la crise sanitaire depuis le premier semestre : l’industrie, le tourisme et l’événementiel. Dans le même temps, certaines thématiques d’investissement — énergie renouvelable, divertissement en ligne (audiovisuel, jeux vidéos, etc.) et digitalisation des entreprises — connaissent une « prime valeurs refuge ».

Quelles perspectives ?

La stratégie « bottom-up » n’empêche pas le gérant de « confronter son raisonnement avec une approche top-down, c’est-à-dire de voir quelle est la situation économique et si le portefeuille est en adéquation avec ». En pleine deuxième vague du coronavirus, la conjoncture économique française reste fragile : licenciements à prévoir, charges reportées — mais non annulées — « qu’il va falloir payer », remboursements des Prêts Garantis par l’Etat (PGE) à partir de mars 2021, etc. « Les cash-flows ont été exceptionnels au premier semestre. Là, nous allons revenir à la normale et certains acteurs vont se retrouver en difficulté », prévient le gérant.

Le portefeuille du fonds Portzamparc PME devrait rester à l’abri du phénomène. « Nous avons toujours été très attentifs à l’endettement. Moi-même, je n’ai pas d’appétence particulière pour les sociétés endettées », assure Justin Icart. A l’heure où la France étend son couvre-feu et où certains pays reconfinent leur population (Irlande, Pays-de-Galles, Allemagne), la prudence reste de mise. « Le portefeuille est très peu exposé aux secteurs qui n’ont aucune visibilité [automobile, aéronautique, tourisme, événementiel]. La tentation est grande d’acheter ces valeurs à la casse, mais pour moi c’est encore trop tôt », fait valoir Justin Icart.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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