« Non, 2020 n’est pas la pire crise de l’histoire » Ce jeudi 14 janvier 2021, Olivier de Berranger — Directeur Général Délégué & CIO — présentait son analyse et les convictions de l’équipe gestion de La Financière de l’Echiquier (LFDE) pour 2021. Certes, l’année qui vient de s’achever a été marquée par une crise sanitaire inédite avec « des marchés hystériques à la baisse comme à la hausse et des écarts de valorisation extrêmes » mais « finalement la score card de fin d’année ne reflète pas la volatilité que nous avons vécu ». Le krach boursier spectaculaire du printemps dernier a été rapidement résorbé. Reste à savoir si l’année 2021 sera plus équilibrée sur les marchés.
2020, « annus horribilis » ?
Sitôt arrivée, sitôt repartie. En 2020, les effets de la crise du premier trimestre ont disparu en un temps record. Si nous prenons l’exemple de l’indice Nasdacq sur le marché américain, « ce qui était spécifique en 2020, c’est la vitesse à laquelle le marché a perdu ses 34 % mais aussi la vitesse à laquelle il a rattrapé le niveau initial ». Le phénomène a pris moins de trois mois et demi. En novembre dernier, l’annonce de l’arrivée d’un futur vaccin Pfizer a même entraîné « le meilleur mois de l’histoire de la bourse américaine » avec un rallye boursier inédit.
La force de ce rebond tient principalement à l’attitude des autorités — Etats et banques centrales — qui ont réagi très différemment par rapport à la crise financière de 2008. Cette fois-ci, pas d’austérité en vue mais un soutien budgétaire et monétaite massif. Les pays et les zones économiques ont multiplié les plans de relance spectaculaires. Le cas du Japon et des Etats-Unis sont très emblématiques de cette stratégie. « Cela explique l’impression de déconnexion entre les bourses, qui ont fait de bonnes performances, et l’économie réelle », relève Olivier de Berranger.
2021, le retour de la croissance
Malgré un démarrage assez lent des campagnes de vaccinations, LFDE s’attend à un fort rebond de la croissance en 2021. « Un mois de confinement en plus, c’est 1 % de croissance en moins pour l’économie française et européenne ». A l’échelle du monde, le taux d’épargne des ménages est à un plus haut historique — 25 % en Europe, 15 % aux Etats-Unis — et devrait relancer les économies développées dès qu’il se libérera dans la consommation. Avec la faiblesse des taux, le coût de la dette publique reste très bas. Le secteur industriel mondial devrait se redresse à la faveur du déploiement des plans de soutien budgétaires.
Quels risques pèsent sur ce scénario ? Le premier reste sanitaire, en cas de mutation du virus ou de retard important dans la distribution des vaccins, par exemple. Les autres contraintes potentielles sont d’ordre géopolitique (reprise des tensions sino-américaines, conflits sur les GAFAM), macroéconomique et financier (surchauffe du crédit privé en Chine, retard du plan de relance européen, risque de change avec la chute du dollar ou tensions inflationnistes aux Etats-Unis). Quelles conséquences sur les marchés ? LFDE s’attend à « une explosions des bénéfices par action », notamment grâce au taux de croissance attendu en France entre 4 % et 4,5% en 2021.
Valeurs cycliques et mégatendances
Si 2019 était une année très indicielle, l’année 2020 fut une année très sectorielle (transports et tourisme ont ainsi beaucoup souffert). En 2021, LFDE mise sur les valeurs cycliques comme le secteur bancaire. Il faudra aussi garder à l’œil les grandes tendances — par exemple le digital, la santé ou encore l’ESG. « Nous croyons que c’est une manière de faire de la performance qui ait du sens. Chez LFDE nous avons 9 fonds labellisés ISR. En 2020, ils ont tous eu une performance positive — que ce soient des fonds obligataires, convertibles, diversifiés, Midcaps ou GrandCap européennes », précise Olivier de Berranger.
Croissance ou value ? « C’est la qualité des entreprises qui va payer en 2021. » Sur le marché européen, la société de gestion constate le retour en force des opérations de marché (M&A et IPO). « C’est typique d’une situation de crise », d’après LFDE. Les entreprises solides rachètent leurs concurrents en difficulté, ce qui amène à des consolidations. D’autres entrent sur le marché pour lever des capitaux. Sur le marché asiatique, les perspectives de croissance sont bonnes — d’où l’intérêt de détenir en portefeuille des valeurs exposées à cette zone économique. En ce qui concerne le crédit, l’attractivité est faible en 2021 mais le risque reste limité. De quoi aborder l’année qui vient avec sérénité.