Un choc sur les taux est-il synonyme de choc sur les actions ?

Asset Management - Depuis une semaine, les actions ont entamé un mouvement de correction, effaçant presque une grande partie de leurs gains depuis de début de l’année. Ainsi après avoir progressé de près de +5% au 23 janvier, l’Euro Stoxx 50 n’affichait plus qu’une performance de +0.77% YTD à vendredi dernier, le S&P 500 est lui passé de +7.54% à +3.44% durant la semaine dernière.

Malgré des données macroéconomiques toujours aussi solides en janvier, des publications d’entreprises meilleures qu’anticipées pour le quatrième trimestre, un contexte fiscal favorable et un contexte politique guère anxiogène, l’aversion pour le risque fait son retour. Les indices de volatilité en témoignent : « l’indice de la peur », le VIX*, a doublé rapidement, passant d’un niveau de 9% à 18% depuis le début de l’année.

L’explication de ce mouvement semble résider en grande partie du côté des taux et de l’inflation

En effet, le taux de rendement de l’obligation 10 ans aux Etats-Unis est monté de 45bp (c’est-à-dire 0,45%) depuis le début de l’année et le taux 10 allemand a gagné 30 bp, passant d’un niveau de 45bp au début de l’année à 75bp début février. Ce sont les craintes d’une accélération de l’inflation plus rapide qu’anticipée qui pèsent sur les taux d’intérêt, car cela pourrait contraindre les autorités monétaires à durcir leur discours puis leur politique. L’impact de ce scénario sur les taux est assez logique : plus d’inflation entraîne des politiques monétaires plus fermes, ce qui entraîne des taux d’intérêt plus hauts.

En revanche, les conséquences pour les actions sont moins évidentes, en particulier dans le contexte actuel d’accélération synchronisée de la croissance mondiale. Pour les entreprises, la hausse des taux est d’abord synonyme d’un coût de financement plus élevé. Mais l’inflation est aussi le symptôme d’une croissance vigoureuse et donc d’une hausse de leur chiffre d’affaires. Evidemment, toutes les sociétés ne seront pas impactées de la même manière, les plus endettées souffriront alors que certaines pourraient en profiter.

A moins d’une véritable explosion sur les taux, nous pensons que le mouvement auquel nous assistons n’est pas de nature à remettre en cause l’attractivité des actions. La vigueur économique en fait toujours l’actif dont la prime de risque est la plus attractive dans le contexte actuel. Nos allocations sont donc résolument investies en actions, avec une préférence pour celles de la zone euro et des pays émergents dont les valorisations ne sont pas particulièrement tendues comme aux USA. Une partie de notre exposition est concentrée sur les actions du secteur bancaire, dont la sensibilité historique aux taux d’intérêt est positive : quand les taux montent ou que la pente de la courbe des taux s’accroît, les banques en profitent pour augmenter leurs marges. Nous n’avons donc pas modifié nos allocations jusqu’ici.

* Le VIX représente la volatilité implicite court terme des options sur S&P 500

Clément Inbona - LFDE

Gérant analyste

Voir tous les articles de Clément