Appétit pour le risque : les épargnants français progressent

Asset Management - Une étude menée par Legg Mason confirme le profil traditionnellement prudent des investisseurs français et leur préférence pour le marché domestique et européen. Elle révèle toutefois un regain d’optimisme en 2018, annonciateur de choix d’investissement potentiellement plus risqués et plus innovants pour les années à venir. Un défi majeur reste toutefois à relever : celui de l’éducation financière, indispensable pour soutenir l’évolution des comportements d’investissement sur le long-terme.

Cette enquête annuelle a été menée auprès de 16 810 investisseurs particuliers dans 17 pays différents. Trois groupes d’âges différents ont été interrogés (Millennials : 18-36 ans, Génération X : 37-50 ans et Baby-Boomers : 51-70 ans) afin de pouvoir établir des comparaisons en termes de comportements d’investissement et de mettre en lumière les évolutions générationnelles majeures entre les épargnants français.

Epargnants français : le retour de la confiance ?

L’étude révèle une tendance à l’optimisme chez la majorité des investisseurs particuliers. A l’échelle mondiale, 59 % d’entre eux s’estiment à l’abri du besoin pour une retraite confortable et 58 % se déclarent confiants quant à leurs opportunités d’investissement pour les 12 mois à venir, tandis que seuls 14 % s’en inquiètent. Sur ce dernier point, les Millenials sont plus confiants (66%) que leurs aînés Baby-boomers (49 %).

Les épargnants français ne font pas exception : ils sont 59 % à estimer pouvoir bénéficier d’une retraite confortable et 62 % portent un regard positif sur leurs opportunités d’investissement pour les 12 prochains mois, ce qui place la France respectivement aux 11ème et 8ème rang des pays les plus confiants.

Les investisseurs français ont toutefois un certain nombre de sujets d’inquiétude quant à l’évolution de leurs placements, mais ceux-ci se distinguent de ceux des autres investisseurs mondiaux. Alors que les investisseurs à l’échelle globale s’inquiètent en tout premier lieu de l’instabilité économique mondiale, la crainte principale en France est la hausse du poids de la fiscalité, qui est un enjeu majeur pour 48 % des français contre 39 % des investisseurs mondiaux. A l’inverse, seuls 30 % des sondés français craignent l’instabilité politique dans leur pays, contre 37 % des investisseurs mondiaux. Quant à l’instabilité économique au niveau domestique, elle n’arrive qu’en sixième place des préoccupations majeures de investisseurs français, alors qu’elle atteint la troisième place au classement mondial. Les épargnant sont en revanche des sujets d’inquiétude très spécifiques, comme la fiscalité mais aussi le retrait des Etats-Unis des accords de Paris sur le Climat (qui est une crainte pour 37 % des sondés français contre 29% des sondés mondiaux) et l’impact des robo-advisors sur la volatilité (31 % contre 25 %).

Allocation d’actifs : priorité au marché domestique, à l’immobilier, aux placements de long terme

La confiance des investisseurs français à l’égard de leur marché national a un impact direct sur leurs préférences géographiques en termes d’investissement : ils sont 70 % à prévoir une hausse du marché actions français alors que seuls 62% s’attendent à une hausse des marchés actions mondiaux. En dehors de l’Hexagone, c’est en Europe que 35 % des sondés français identifient les meilleures opportunités (contre 26 % des investisseurs mondiaux) – devant les Etats-Unis et la Chine, qui sont pourtant les deux premières zones plébiscitées par les investisseurs mondiaux.

En termes de classe d’actifs, une autre tendance forte persiste : la passion française de l’investissement dans la pierre. En effet, pour 41 % des investisseurs français, l’immobilier reste la classe d’actifs offrant les meilleures opportunités, très loin devant les actions domestiques et les actions internationales (27 %), l’or et les métaux précieux (23%), les investissements alternatifs (23 %), les cryptomonnaies (21 %), les liquidités et les obligations. Par comparaison, les investisseurs mondiaux tendent à placer l’immobilier au même niveau que les actions domestiques, chacune de ces classes d’actifs étant citée par 32 % des investisseurs ; les actions internationales suivent, mentionnées par 31% d’entre eux. Cet appétit pour la pierre se ressent directement dans les allocations : les français sont, avec les Belges, les investisseurs accordant la plus grande part à l’immobilier dans leurs portefeuilles d’allocation (21 %, contre une moyenne mondiale de 15 %).

Les français restent prudents en 2018 : plus des trois quarts de l’épargne est placée en comptes courants, comptes d’épargne et assurance-vie, tandis que seuls 21% sont logés dans des produits d’investissement. 58 % des personnes interrogées en France prévoient d’augmenter à horizon 5 ans la part d’investissement de long terme (comme l’épargne retraite) dans leur portefeuille, ce qui en fait l’allocation prioritaire, devant les placements générant des revenus réguliers, que 45 % des sondés prévoient de renforcer.

Perspectives d’investissement : la prise de risque et l’innovation gagnent du terrain

Si l’allocation des français reste généralement prudente, ce tableau pourrait évoluer : 35 % des sondés français déclarent vouloir augmenter leurs placements à haut risque / meilleur rendement alors que seuls 31 % d’entre eux souhaitent renforcer leurs placements a bas risque / rendement limité. De la même manière, 36 % prévoient de se positionner sur des produits gérés activement alors que seuls 31 % prévoient de renforcer leur exposition aux produits passifs, répliquant un indice de marché.

Les produits d’investissement innovants retiennent également l’attention des investisseurs français, qui semblent de moins en moins conservateurs : près de la moitié (46 %) d’entre eux prévoient de renforcer leur exposition aux placements ayant une approche basée sur les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), tandis que 31 % envisagent d’investir sur des produits gérés par des robo-advisors, réagissant de manière automatisée aux évolutions des marchés.

De manière générale, le rapport des français à l’innovation technologique en matière d’investissement semble évoluer. Il existe une forme de résistance : 70 % des investisseurs à l’échelle globale considèrent que la technologie ne pourra jamais remplacer l’humain en termes de service client. Mais les français, et notamment les Millenials, semblent progressivement s’habituer au rôle grandissant des nouvelles technologies dans l’univers de services financiers. En effet, deux tiers (66%) des investisseurs français reconnaissent que l’univers de la gestion d’actifs doit intégrer les innovations technologiques, 59 % admettent que le rôle des conseillers financiers est remplacé par les outils et applications en ligne et près de la moitié (49 %) souhaiteraient disposer d’une application mobile unique permettant de gérer l’ensemble de leurs finances personnelles.

Conseil et éducation financière : un enjeu majeur

Cet appétit croissant pour de nouveaux outils et placements se heurte à un enjeu d’éducation financière. Les innovations qui attirent de plus en plus les investisseurs sont aussi les plus méconnues : moins d’un quart des investisseurs interrogés en France estiment qu’ils connaissent et comprennent les investissements ESG, et seuls 20 % sont familiers du fonctionnement des robo-advisors.

42 % des investisseurs français interrogés s’estiment experts, ou d’un niveau avancé en matière de connaissances financières, contre 33 % en moyenne au niveau mondial. Pourtant, sur la plupart des types de produits, leur niveau de compréhension est inférieur à la moyenne internationale. Ainsi, moins de 40 % des français déclarent comprendre pleinement les différents niveaux de risque (contre 55 % au niveau mondial), à peine un tiers affirme comprendre la différence entre gestion active et gestion passive (contre 37 % au niveau mondial) et moins d’un quart comprend le fonctionnement des ETFs (contre 30 % au niveau mondial).

Une majorité des français s’attend à ce que l’éducation financière soit assurée par les établissements bancaires et les conseillers financiers, qui sont citées à 51 % et 44 %, loin devant l’enseignement primaire et supérieur (26 %) – l’exact inverse de la tendance relevée dans le panel mondial, qui place l’enseignement en première position, devant les professionnels de la finance. On remarque d’ailleurs que plus de la moitié des français (52%) font appel à un conseiller pour la majorité de leurs décisions d’investissement, et que l’usage d’autres sources d’information (internet, médias spécialisés, applications mobile) est moins répandu que dans les autres pays.

 

 

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