Etats-Unis : Donald Trump hésite encore sur des restrictions plus importantes

Actualités - Lock down or not lock down ? That is the question. Face à l'explosion des cas de coronavirus aux Etats-Unis, Donald Trump hésite sur les mesures à adopter. Quelles seront les conséquences de l'absence de confinement au niveau fédéral ? Les banques joueront-elles le même relais aux Etats-Unis qu'en Europe pour fournir aux entreprises une aide financière garantie par l'Etat ? Les explications de Vincent Boy, Analyste chez IG France.

Le nombre de cas dépasse maintenant les 200 000 aux Etats-Unis, soit 20 % des cas mondiaux recensés. Le pays devrait par ailleurs dépasser le million aujourd’hui. Le nombre de décès — qui a doublé en moins de 3 jours aux US — atteint près de 5 000 et pourraient exploser dans les jours à venir. Le président américain semblait une nouvelle fois moins rassurant dans son discours et confirmait un message de la veille, à savoir que les deux semaines à venir aux Etats-Unis seraient très difficiles.

Avec la progression actuelle, le nombre de cas aux Etats-Unis pourrait atteindre les 500 000 dans les 10 prochains jours. Bien que le taux de décès reste actuellement à environ 2,3 % il faut noter que seulement 8 900 personnes ont été guéries et plus de 200 000 cas recensés restent actifs. Ce taux pourrait grimper de façon importante dans les jours à venir, alors que le plus grand nombre des cas ont été détectés il y a moins d’une semaine.

Les tergiversations de Trump

En comparant rapidement le nombre de guérisons et le nombre de décès, nous comprenons que le taux peut devenir bien plus important que les 2,3 % actuellement observé. Selon la carte de l’université de Washington, depuis le dernier rapport le nombre de personnes guéris a augmenté de 1 796, quand le nombre de décès progressait de 1 040.

En revanche, malgré cette inquiétude grandissante du président américain et cette augmentation de l’épidémie aux Etats-Unis, ce dernier doute encore de la stratégie à adopter. Celui-ci n’est toujours pas favorable à un lock down global de la première puissance économique mondiale et hésite encore à interdire les vols intérieurs aux Etats-Unis.

Autrement dit certains Etats en semi lockdown proposent encore des vols vers et en provenance d’autres Etats (moins touchés par le Covid19) qui ne sont pas en confinement. Cela augmente de jour en jour la probabilité d’une propagation plus importante du virus. Donald Trump hésite, car cela serait néfaste pour un secteur qui est déjà sous tension. Mais plus les décisions prendront du temps, plus l’impact sur la santé et l’économie sera long.

Choc économique et pétrolier

Certains secteurs sont sous pression. Les compagnies aériennes voient les confinements et les interdictions de voler se prolonger à travers le monde, la grande distribution (hors alimentaire) pourrait se séparer de bon nombre de leurs employés… Et les producteurs de pétrole — notamment aux Etats-Unis où l’investissement a été considérable dans les installations non conventionnelles (schiste) — pourraient se retrouver dans l’incapacité de vendre leurs produits du fait de la baisse colossale de la demande. Pendant ce temps, la Russie et l’Arabie Saoudite ne trouvent pas de terrain d’entente, même avec l’intermédiaire des Etats-Unis.

Le pétrole a toutefois rebondi durant la séance d’hier, tandis que le président américain voyait un accord entre les deux pays… Il n’y a eu ucune confirmation en ce sens. La société Whiting petroleum — un temps le plus grand producteur de pétrole du Dakota du Nord — a annoncé entrer en processus de faillite (« Chapter 11 » aux Etats-Unis). Elle s’est mise d’accord avec ses créanciers pour réduire sa dette de 2,2 Mds$ contre 97 % de nouvelles actions. Les actionnaires existants conserveront 3 % de la nouvelle structure. Le cours de l’action — qui valait encore près de 8$ en début d’année — s’échangeait à 37 cents à la clôture hier.

Cette annonce pourrait être le début d’une longue série dans le secteur, avec le prix du baril de pétrole qui tente, tant bien que mal, de se maintenir au-delà des 20$ aux Etats-Unis. Les stocks publiés hier ont fait ressortir un stock en hausse de 13,8 millions de barils, soit le plus haut depuis février 2017 et que la tendance devrait se poursuivre, étant donné la baisse de la demande liée à l’épidémie de coronavirus.

Le rôle des aides de l’Etat

Au-delà des secteurs évidents, le plan d’aides décidé par le congrès pourrait prendre du temps, notamment en ce qui concerne les prêts aux petites et moyennes entreprises. Les grandes banques américaines ne veulent pas prendre la responsabilité d’accorder des prêts à des sociétés qui ne respecteraient pas les normes règlementaires. Elles craignent surtout de voir le Trésor américain leur infliger des amendes en cas de manquements.

Le Trésor pourrait donc assouplir ses règles de conformité, ou « compliance » en anglais. Mais cela pourrait ralentir le processus et diminuer l’effet de ces mesures décidées par l’administration… Alors que de nombreuses entreprises de tailles modestes pourraient ne pas survivre une semaine de plus sans aides de l’Etat.

Enfin, du côté des statistiques nous surveillerons les nouvelles inscriptions au chômage attendues à +3,5M selon Reuters, après une hausse de 3,2M la semaine dernière. Nous resterons également attentifs aux niveaux d’importations et d’exportations pour le mois de février aux Etats-Unis, qui devraient être également sous pression et pourraient l’être encore plus au cours des prochaines publications. 

Vincent Boy - IG France

Analyste

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