Election présidentielle brésilienne : les candidats sous pression

Actualités - L’élection présidentielle brésilienne arrive à un moment particulièrement difficile : les candidats, sous forte pression des marchés, se doivent de proposer des mesures crédibles pour réduire l’écart budgétaire. Si le président élu en octobre ne prend pas de mesures crédibles pour mieux contrôler les dépenses de sécurité sociale, les marchés suivront probablement un mouvement vendeur massif, le real baissera et les taux d’intérêt augmenteront, accentuant ainsi la pression sur le nouveau gouvernement brésilien.

Election : les marchés en attente de concret sur les retraites

Le déficit budgétaire du Brésil a dépassé les 7% du PIB au cours des quatre dernières années car trop peu d’actions ont été entreprises pour mener à bien la réforme des retraites. Les dépenses de sécurité sociale représentent près de 45% des dépenses du gouvernement alors que le nombre de bénéficiaires augmente de 3,5% par an, laissant ainsi peu de place aux investissements, visant à stimuler la productivité, dans les infrastructures physiques et sociales.

C’est l’une des raisons pour laquelle le potentiel de croissance du Brésil demeure assez bas (autour de 2%) et la dette publique continue d’augmenter à un rythme effréné (autour de 5% du PIB par an).

L’environnement macroéconomique actuel des pays émergents n’arrange rien : le Brésil a toujours été considéré comme plus vulnérable que la moyenne des pays émergents compte tenu d’un déficit budgétaire structurellement élevé, d’une dynamique négative de la dette publique, de mauvaises performances de croissance et d’une forte incertitude politique.

La conjoncture financière domestique, qui s’est aggravée en grande partie à cause de la dégradation de l’environnement macroéconomique des pays émergents, a de plus un impact immédiat sur les bilans budgétaires du Brésil car le coût des intérêts de la dette publique du pays représente 6% du PIB. En d’autres termes, la hausse des taux d’intérêt de cette année a accéléré la nécessité de procéder à des ajustements budgétaires donc de réformer les retraites.

L’élection présidentielle d’octobre

Deux candidats sont aujourd’hui susceptibles d’atteindre le second tour de l’élection présidentielle d’octobre : le nationaliste de droite Jair Bolsonaro et Fernando Haddad, l’ex-maire de gauche de Sao Paulo, qui devrait vraisemblablement remplacer Lula da Silva, interdit de se présenter.

Jair Bolsonaro, qui est pour l’instant en tête des sondages, se présente comme le candidat « anti-establishment » mais partage pourtant le point de vue économique du gouvernement en place. Quant à son parti, le Partido Social Liberal (PSL), il pèse peu sur le paysage politique brésilien donc les analystes politiques doutent de son efficacité et de sa capacité à conduire des réformes s’il venait à être élu président.

Fernando Haddad n’est aujourd’hui pas très connu mais cela devrait rapidement changer une fois que Lula aura confirmé qu’il le remplace dans la course à la présidentielle. Le programme économique de Lula et Haddad prévoit de mettre fin aux règles budgétaires mises en place par le gouvernement de transition, aux réformes insignifiantes des retraites, à la suspension du programme de privatisations et au contrôle des capitaux afin de limiter la volatilité. Les marchés devraient donc réagir négativement en cas de victoire de Fernando Haddad.

Maarten-Jan Bakkum

Senior Emerging Markets Strategist chez NN Investment Partners

Voir tous les articles de Maarten-Jan