Brexit : que veut le nouveau Premier ministre britannique ?

Actualités - L'arrivée de Boris Johnson au poste de Premier ministre au Royaume-Uni a mis en émoi les marchés financiers, qui redoutent les conséquences d'un Brexit dur. Un accord est-il encore possible ? La date du Brexit sera-t-elle repoussée ? Comment saisir les opportunités d'un « hard Brexit » ? Mark Phelps, CIO, Portfolio Manager et Global Concentrated Equity, chez Alliance Bernstein, partage son analyse.

Les inquiétudes suscitées par la probabilité croissante d’un Brexit dur ont déjà ébranlé la livre sterling. La monnaie britannique continuera selon nous de baisser dans le cas où le Royaume-Uni sortirait de l’UE sans accord. Outre-Manche, la croissance souffre également des incertitudes qui entourent le Brexit. Ce ralentissement risque d’être davantage exacerbé si aucun accord commercial n’est conclu avant que le Royaume-Uni ne quitte l’Union européenne.

Difficiles négociations

Les négociations autour d’un accord se heurtent clairement à l’insistance de l’Union européenne pour ne pas renégocier l’accord précédemment approuvé et à l’insistance du Premier ministre Johnson pour que le Royaume-Uni quitte l’UE, même en cas de non-renégociation de l’accord.

Les deux parties vont de toute évidence devoir jouer serré, d’autant que des parlementaires britanniques viennent compliquer la situation en imposant leur consentement dans le cas d’une sortie « sans accord ». La menace d’élections anticipées au Royaume-Uni ajoute enfin à la confusion. Il est donc impossible de prendre une position catégorique quant à l’issue probable du Brexit. 

Vers un nouveau report ?

L’Europe pourrait infléchir sa position et concéder un peu de terrain en dernier ressort, mais elle ne le fera qu’au tout dernier moment — lorsque le Royaume-Uni devra sortir de l’UE. Une prorogation de la date du Brexit reste possible, mais aucune des deux parties ne semble en vouloir — de sorte qu’elle ne sera envisagée qu’en vue d’un accord potentiel.

Le parlement pourrait trouver des raisons suffisantes aux yeux de tous pour recommander un deuxième référendum, mais il faudrait que le parti travailliste souscrive pleinement à ce projet, ce qu’il a encore des difficultés à faire.

Opportunités d’un « hard Brexit »

Il y a enfin la sortie sans accord, issue certainement plus envisageable avec le nouveau Premier ministre et un cabinet dont la ligne politique est beaucoup plus dure. S’agissant des placements financiers, il est difficile de dire si le marché britannique est déjà devenu attractif, mais les cours commencent à largement intégrer un scénario de Brexit sans accord.

Si cela se produit, le marché réagira probablement de façon négative. Pour les investisseurs courageux, cet accès de faiblesse pourrait constituer un point d’entrée très intéressant. En dépit de toutes les protestations, le soleil se lèvera de nouveau sur une économie britannique toujours bien vivante.

Mark Phelps - Alliance Bernstein

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